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 Sursis

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Appah Timore
Milicien
Appah Timore


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MessageSujet: Sursis   Sursis Icon_minitimeVen 2 Juil - 1:03

Il y avait un gouffre sous ses pas, et il tombait dedans. C'était une chute lente et silencieuse. Des images défilaient, des phrases, éparses, des souvenirs réels et des hallucinations plus réelles encore. Le manque de drogue, comme à l'accoutumée, attisait la folie qui le dévorait. Le manque, et la fièvre, aussi.
Étendu à même le sol fangeux, Appah délirait.

Un petit garçon pleurait dans les ténèbres. Il était seul, tout seul, alors il nommait les ténèbres "maman" et leur obéissait. Le collet autour de son cou, attaché depuis tant d'années, se resserrait peu à peu. Elle murmurait à son oreille.

Tous des hypocrites, des traitres, des menteurs. Il faisait semblant, pour s'intégrer, mais à présent il voyait bien qu'il se trompait. Il n'avait fait que jouer un rôle, porter un masque. A présent, il pouvait être lui même. Sa vraie nature. Celle qu'ils étaient incapable d'accepter, de reconnaître.

Un monstre.

Le Sacrieur gémit dans son sommeil. Ce que tu es au fond de toi, disait la femme aux longs cheveux noirs. Des enfants lançaient des pierres à un gamin aux yeux rouges, le traitant de dégénéré, et lorsqu'il prenait sa défense, c'était ce qu'ils criaient. « Monstre, monstre ! V’là l’ainé de la folle ! Faites gaffe, il est aussi taré qu’elle ! » Il s’était battu, il avait gagné, mais lire la peur dans le regard de ses camarades ne l’avait pas soulagé. Il avait le même âge, ne savait rien faire d’autre sinon se battre, et les gosses l’appelaient monstre. Mais lui, lui au moins serait un guerrier, pas comme tous ces misérables paysans !

Il aurait tant aimé jouer parmi eux.

Une autre fois, au village. Il s’était excusé. « On fait la paix, et vous me laissez jouer avec vous ? » Le chef de la bande, un jeune blondinet qui n’avait pas encore choisi sa voie, avait accepté. « Tu fais ce qu’on te dit pendant une journée, et ce soir, on te montrera notre cachette secrète. » Il avait obéi. Il s’était laissé rouler dans la boue, avait supporté les rires moqueurs. Il pouvait bien endurer un peu de bizutage, si ça lui permettait d’être accepté.

« Sacrieur ! Regardez comme il aime ça ! »
Le goût de son sang dans sa bouche. Les petits rustres dansaient autour de lui, se détachant à tour de rôle du cercle pour lui porter un coup. Il avait honte, honte des gémissements qui débordaient ses lèvres, n’exprimant pas seulement de la douleur. Pourquoi fallait-il que Laën soit là, qu’elle le voit se faire humilier ? Au moins, elle ne riait pas. Il ne devait pas pleurer. S’il tenait bon…

Le soir tombait. Ils le conduisaient à travers champs, les yeux bandés. « On est presque arrivés… » Appah sourit, soulagé. Il ne leur en voulait pas, après tout, il leur avait fait mal, lui aussi. C’était bien normal qu’ils aient pris leur revanche. Maintenant, ils allaient passer à autre chose. Il pourrait se faire des amis.

« Nous y v’là ! »
Il enleva le bandeau et cligna des yeux. Il faisait sombre, il ne voyait pas où il était. Ca ne sentait pas très bon. En face de lui, il y avait…
Une poussée dans son dos. Il tomba tête la première dans la fosse à purin. L’immonde mélange de déjections et d’urine de dragodinde lui piqua les yeux et s’infiltra dans son nez et sa bouche comme il se débattait, cherchant l’air, la surface. Il ne savait pas nager, mais le trou n’était heureusement pas profond. Il reprit pied pour voir les gamins du village se disperser, hilares. Fou de rage, il voulut pourchasser les retardataires mais le bord de la fosse était glissant et il retomba dans le futur engrais.
Il était seul, coincé, puant, dans la nuit, et mère serait furieuse. Le petit garçon se mit à sangloter. C’était injuste… Il avait suivi les règles…


Il n’y a pas de règles pour quelqu’un comme toi, murmurait sa mère. Je t’avais averti. Tu ne peux pas leur faire confiance. Si tu te montres faible, si tu te laisse aller à aimer les gens, ils te trahiront. Tôt ou tard. Ils te feront souffrir. Même s’ils semblent s’attacher à toi, ce n’est qu’une apparence. C’est qu’ils ne te connaissent pas… Car qui pourrait donc t’aimer… meurtrier ?

Le sang dégoulinait le long de ses bras, couvrait tout son corps. Le Sacrieur se recroquevilla sur lui-même. Le visage d’une jeune Crâ lui apparaissait, tordu dans une ultime expression de surprise et d’horreur. Elle s’appelait Laën, et il en était amoureux. Pourtant, c’était lui qui tenait le couteau planté dans son ventre.
Un ventre déchiré… Gros d’un enfant qui n’était pas le sien. Elle aussi, il l’aimait. Elle aussi, il la haïssait. Elle était revenue le chercher, jusque dans ses ténèbres, malgré ses avertissements. Il ne voulait pas revenir. Comment aurait-il pu, après ce qu’il avait fait à Shus ? Il voulait juste oublier, renier tout ce qu’il y avait d’humain en lui, ne plus penser pour ne plus souffrir.
Alors tu n’as qu’à l’effacer, elle aussi, chantonnait sa mère. Juste l’effacer, et tu n’auras plus jamais à supporter ce tourment. Et l’horrible chantage reprit.

Détruis-les tous… Fais-le pour moi… Si tu veux que je t’aime… Ne me déçois pas… Détruis-les, ou je t’abandonnerais… Et tu seras seul… A jamais.

L’enfant sanglota, l’enfant obéit. Et sa mère le reprit dans ses bras, déchirant son âme de ses ongles acérés, murmurant de sa voix doucereuse :
« Je t’aime, mon enfant chéri. Je t’aime en entier, comme aucun d’entre eux ne pourra t’aimer. Je serai toujours là... »


Les lèvres desséchées du Sacrieur blessé s’étirèrent en un faible sourire, et remuèrent, articulant silencieusement : « Je suis avec ma mère… Je suis heureux… Tout va bien… Tout va bien… »
Il n’avait jamais été heureux, et au fond, il le savait. Mais n’était-ce pas tout ce qu’il méritait ? Le plaisir dans la souffrance, l’amour d’un être jaloux qui le détruisait peu à peu…

Le froid l’envahissait. Les mensonges ne suffisaient plus à le réchauffer. Il y avait trop de chose qui se bousculaient dans son esprit à la dérive, trop d’images, trop de contradictions. Il avait froid, il avait mal, et il n’avait plus rien de réel à quoi se raccrocher. Plus rien…

Ses doigts rencontrèrent une main moite, aussi brûlante de fièvre que la sienne. Il s’y agrippa confusément, serrant le corps meurtri contre lui, à la recherche d’un peu de chaleur…
Un chien. Un chien, ça ne trahit pas, c’est fidèle… Les assassins tuent les gens, pas les chiens. Alors peut être sa mère ne lui en voudrait pas… Il se blottit contre l’Osamodas, contre sa peau bien réelle, dernier rempart contre l’obscurité, et les voix s’éloignèrent, le plongeant dans un sommeil plus paisible.
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Chymes/Sonaë
Pandalol
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MessageSujet: Re: Sursis   Sursis Icon_minitimeSam 3 Juil - 1:07

C’est plus facile de haïr que d’aimer. C’est plus facile de tuer que de pardonner, plus facile de boire le sang plutôt que d’y résister, encore et encore. La facilité. Avait-elle jamais eu une vie facile ? Ses attentes, celles des autres. Elle n’attendait plus rien que sa mort. Elle avait voulu le protéger, il l’avait attaquée. Ne méritait-il pas la mort ? Les mots de Kaizel se heurtaient aux parois de son crâne, encore et encore.

Bats-toi, fais ce qu’il ne fait pas ! Tu le méprises, tu vas devenir comme lui ?

La voix tentait la provocation maintenant, pour la faire réagir, la faire changer d’avis. Elle pouvait bien hurler tout ce qu’elle voulait, ça ne changeait rien, elle voulait son sang. Elle voulait sa mort. Elle voulait combler le vide dans son ventre, réchauffer son cœur glacé. Peine perdue, quelle importance ? Chaque pas qu’elle faisait le menait vers lui, sans qu’elle puisse l’empêcher. Elle montrait les crocs comme si se préparer à le mordre allait lui faire trouver sa piste plus rapidement.

C’était comme si son odeur était partout autour de la craette. Une illusion, probablement. Elle se sentait frémir à l’idée de se rapprocher de sa proie. Elle ne sentait plus les émotions autour d’elle, ni en elle. Tout ça basculait dans le gouffre de ses entrailles déchirées. Un animal blessé, fou, dangereux. Une bête agressive, qui tenait plus à la mort qu’à la vie. Qu’à l’amour. Qu’à tout ce qui pouvait faire d’elle une humaine.

Kid voulait la défendre, Shus voudrait la blesser. Combien choisiraient un camp, ou l’autre ? Quelle scission dans sa propre famille allait-elle provoquer ? Tout ce qu’elle avait érigé, tous ceux qu’elle avait aimés, tout ce qu’elle voulait devenir. Tout cela était flou, vide de sens. Dénué d’importance. Elle retrouvait ses instincts qui l’avaient guidée si longtemps, ceux auxquels elle s’était abandonnée si souvent. La proie déteignait sur le chasseur. Le chemin vers la raison disparaissait derrière elle, à chaque pas qu’elle faisait.

Elle courait. Le paysage défilait à toute allure. Etait-ce bien lui ? Chaque Sacrieur qu’elle croisait semblait porter son visage. Les jours et les nuits avaient défilé, sans qu’elle s’en rende compte. Une traque inlassable, qu’elle n’avait pas interrompue une seule minute. Elle touchait au but à présent, elle le sentait, elle le voulait. Sa vie s’arrêtait à ça, une énorme tâche de sang et un abysse sans fond derrière. Un oubli de soi. Le repos, enfin.

Son visage se déforma sous les assauts de la voix. Elle prenait le contrôle de sa bouche, marmonnait des incohérences. Lui soufflait ses conseils. Comme un fantôme d'un passé qui avait cessé d'exister. La craette s'arrêtait, reculait, se calmait, et la violence revenait, insatiable. Le combat était perdu d'avance, l'humaine ne gagnerait pas. La bête avait trop d'avance, trop d'ampleur. Trop d'énergie et de colère. Une âme fendue qui s'étiolait vers le néant.

Elle avait tout laissé derrière elle. Son arc, ses flèches, ses habits de combat, sa monture. Ses vêtements étaient tachés et crasseux. Ses iris avaient viré au noir opaque, encore, avec tant d’intensité que le noir semblait déborder sur le blanc de ses yeux. Tout envahir, tout engloutir.

L’animal chassait. L’animal avait soif. L’animal souffrait.
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Shus'Anlsou
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MessageSujet: Re: Sursis   Sursis Icon_minitimeMar 6 Juil - 5:57

Entre ses crocs nouvellement nés le rythme décroit. Les pulsations s'amenuisent, la chaleur s'écoule lentement dans une ombre liquide. Comme un corps qui se noie, la petite masse de griffes et de fourrure cesse de se débattre, hoquète et sombre. Le rictus carnassier planté dans sa chair reste figé, goûtant avec curiosité la récolte humide qui s'échappe de sa proie. Mais de goût, aucun perceptible. Rien qu'une sensation fort peu agréable d'un liquide inconnu se mélangeant à celui de son propre corps. Maintenant que le rongeur est mort, ne reste même plus le plaisir délicat de ses ébats furieux pour échapper à la prise.
Dépité, croit-il deviner. Un sentiment déplaisant, mais pas trop fort qui se forge un chemin jusqu'aux fibres de son esprit de nouveau-né. Une dentition et le gouffre qu'elle surplombe ne suffisent donc pas à ressentir les choses. Il faut quelque chose de plus. Il devra donc apprendre encore.

Alors que la nuit se faisait plus fraiche, des mains tièdes, légèrement abimées et un peu râpeuses, une peau sèche et des doigts longs auxquels deux ongles manquaient se posèrent de chaque côté de la masse du gélutin pour le soulever du sol. Le contact de la terre mouillée disparaissant au profit de celui de son maître, le familier libéra la carcasse qui tomba dans un bruit mou. Ses crocs se ramollirent et prirent rapidement la même teinte bleuâtre que le reste de sa silhouette, avant de disparaître complètement, ne laissant derrière eux qu'une ligne fine et courbée que l'on qualifiait de sourire niais. Un gargouillement de contentement remonta le long de son corps flasque alors qu'il se retrouvait logé au creux du bras de l'alchimiste, tout contre ses côtes qu'un épiderme un peu bronzé laissait deviner.
Le sens du "toucher", la créature l'avait assimilé sans trop de difficultés. C'était pour elle la sensation la plus forte. Elle pouvait lui apporter plaisir comme malaise, avait-elle remarqué. La vue, elle la possédait, d'une manière un peu différente de celle de son maître puisqu'elle se basait sur les vibrations, la chaleur, et tout un tas d'éléments qu'elle ne comprenait pas encore. Son "ouïe" fonctionnait de la même façon.

Le familier leva les deux billes turquoises qui formaient ses yeux sur le visage du Iop qui venait de se remettre en mouvements. Ses cheveux roux, comme toujours, étaient attachés par deux bandeaux, soulevés vers l'arrière. Ses yeux blancs fixés devant lui, surmontés de croix pourpres tatouées sur sa peau. Ses lèvres étaient aussi abimées que ses mains, et remuaient faiblement sous l'effet de la mastication d'herbes aphrodisiaques. Sur son menton, sa barbiche s'étendait un peu plus que d'habitude, mal rasée.
Comme souvent, ses traits étaient vides de toute émotion que le gélutin avait appris à interpréter. Dans ce cas, il s'agissait de neutralité. La neutralité, c'était le sentiment naturel de son maître. Quand il n'était pas seul, son maître pouvait afficher beaucoup de masques différents - que son familier se plaisait beaucoup à imiter - et il n'avait pas été facile de tous les intégrer. En écoutant les humains qu'ils croisaient, le gélutin avait fini par pouvoir mettre un nom sur chacun de ces masques, et l'avait associés aux sentiments qu'ils représentaient.
C'était une tâche difficile, avait-il rapidement compris. Parce que les masques et les sentiments étaient censés s'accorder. Chez son maître, ce n'était pas le cas. Il le savait, parce qu'avant l'ouïe, la vue, le toucher, ce qu'il ressentait le mieux, c'était cette sensation que les humains appelaient "sentiment" ; l'esprit, la pensée, quelque chose qui se déroulait à l'intérieur du corps de son maître, mais qui en était pourtant détaché.
Cette constatation lui avait demandé un remarquable effort, mais le familier s'enorgueillissait aujourd'hui de sa victoire sur les humains qu'ils côtoyaient et qui se laissaient si facilement berner par son maître. Lui seul savait le lire ! Il souriait ? Les autres pensaient qu'il était heureux. Il affichait cet air de chienchien battu ? Les autres le réconfortaient. Alors qu'en réalité, derrière tout cela, il n'y avait qu'une chose : la neutralité.

Cette neutralité, la créature s'en contentait fort bien. A quelques reprises seulement, son maître l'avait quittée. Mais les sentiments qu'il éprouvait alors étaient bien trop violents, et difficiles à supporter. Le gélutin n'aimait pas ça, rien que du désagrément. A chaque fois il s'était senti envahi par la fureur, une douleur sans nom, ou cette chose qui le dérangeait plus que tout qu'il croyait pouvoir qualifier de "folie". Ah, la folie ce n'était vraiment pas une bonne chose.
Son maître disait n'avoir pas beaucoup d'esprit, aussi le gélutin comprenait qu'il ne veuille ou ne puisse y loger tous ces sentiments que les humains semblaient posséder. La folie, c'était quand la neutralité le quittait, et que tous les sentiments qu'il mettait de côté arrivaient au galop, se mélangeaient d'un coup, et explosaient. C'était douloureux, ça oui. C'était quelque chose à éviter.

Shus trébucha, le familier tressauta contre lui, puis reporta son attention sur les pieds du Iop. Ses sandales étaient usées. Il lui faudrait en changer, sinon il allait se faire du mal. Le gélutin pencha la tête de côté à la façon de son maître en continuant d'observer ces longues jambes qui avançaient sous lui l'une après l'autre. A nouveau, une main se posa sur lui, derrière la fleur gélatineuse qui lui servait de conscience et qui logeait sur son soi-disant crâne. Une sensation agréable l'enveloppa alors que les doigts de l'alchimiste couraient lentement sur sa masse comme sur un chacha qu'on grattouille. Un nouveau gargouillement lui échappa, et il sentit en retour cette minuscule étincelle d'affection qui trouait parfois la neutralité de son maître. Cette étincelle, le gélutin en était fier. Elle était rien qu'à lui ! Parfois, son maître ressentait quelque chose de semblable pour le Sacrieur nommé Jeth, mais c'était à peu près tout.

Oh ! Mais... chose étrange...
Le familier ne l'avait pas encore remarqué, tout à ses observations. La neutralité était percée ! Une légère pointe d'angoisse. Son maître ne ressentait pourtant jamais aucune peur. L'angoisse, chez lui, était le résultat de l'incertitude. Son mode de pensée était simple, mais efficace ; il agissait pour ce qui lui semblait juste, ne se posait pas de question, et ne regrettait donc rien. Alors pourquoi ? Qu'est-ce qui avait mal tourné ? S'agissait-il encore de cette histoire, de ce Appah ? Quelque chose était arrivé entre cet homme et son maître, mais à cette époque le familier n'était pas encore "éveillé", aussi n'avait-il pas pu prendre connaissance de cet évènement. Il en avait capté quelques bribes dans les pensées du Iop, mais rien de bien précis.
Il avait entendu la conversation qui avait eu lieux un peu plus tôt, à la wadio, entre son maître et Chymes. Cette femme voulait tuer Appah. De toute évidence, son maître ne souhaitait pas que ça se passe ainsi. Mais il ne voulait pas non plus se dresser face à la représentante de sa "famille". Était-ce cela qui le mettait dans cet état ? Qui provoquait cette incertitude dont le Iop, peu habitué, était incapable de se sortir ? L'incertitude entraînait la douleur. Pire encore, elle pouvait mener à la folie. Parce que, le familier le savait, Shus était en cet instant incapable de lui faire face. Il ne parviendrait pas à se décider. Et le moment venu, s'il se retrouvait confronté à un choix dont aucune des possibilités ne lui semblait la bonne... il céderait le pas à son instinct.

Le gélutin nommé par habitude "Trucbis" afficha sans vraiment s'en rendre compte une expression presque humaine ; les yeux plissés, comme en pleine réflexion. Ils n'avaient pas le droit d'imposer ça à son maître ! Pour qui se prenaient-ils ? Briser sa neutralité, le faire souffrir ! Cette bande d'Eniripsa pour qui le Iop avait un jour aussi ressentit cette étincelle d'affection l'avait déjà trahi. Il n'était pas question que la chose se reproduise !

Lentement, la fente de son sourire s'étira pour laisser place à deux rangées de crocs nouvellement créés, fondus puis durcis. Il devinait au fond du sac de son maître la petite fiole de poison qu'il réservait aux dangers potentiels qui pouvaient se dresser face à lui. Ce même poison qu'il avait testé quelques mois plus tôt sur le Sacrieur aux cheveux longs. Un très bon article. Mais Shus hésiterait sûrement à s'en servir le moment venu...
C'était décidé. La créature ne laisserait pas son maître, son presque frère avec lequel il partageait sa conscience souffrir d'un mauvais choix. Le moment venu... si le Iop hésitait, il agirait lui-même, pour son bien.

Une dentition et le gouffre qu'elle surplombe ne suffisent pas à ressentir les choses, mais le rat n'en était pas moins réduit à l'état de carcasse sans vie. Qui sait à quel point la masse de son petit corps pouvait s'étendre pour digérer ses proies...
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