Le commencement

{HRP : je précise que le forum est la représentation de la Taverne. C'est à dire que la partie publique du forum représente la salle principale où les clients boivent une pinte, la partie réservée aux nouveaux et membres représente l'arrière du comptoir et la partie membres uniquement représente l'arrière boutique, où les activités illicites et privés de la Milice ont lieu.}

La Taverne du Poney qui Tousse passe presque inaperçue. Les clients, réguliers ou non, dans une salle avec des tables, des chaises, des clients, des tenanciers et de la bière. Le murmure des conversations en arrière-fond, des tableaux aux murs, la barmaid qui essuie tranquillement une chope qu'elle vient de laver. L'endroit ne ressemble pas à un repaire de loubards, mais pas non plus à un club du troisième âge. Pourtant, sa clientèle afflue. Il faut dire que la bière et les cocktails servis ici ne sont semblables à nul autre.

Une bourrasque d'un vent froid s'engouffre soudain dans la taverne. Quelques regards agacés se tournent vers la porte, des capes se resserrent sur les épaules de leur propriétaire. Un homme, un voyageur visiblement, entre et s'excuse d'une voix douce et polie. Il porte une cape de voyage sombre, de coupe tout à fait banal mais d'apparence neuve. Il porte un sac de toile sur l'épaule, un chapeau aux larges bords couvre la moitié de son visage. Des cheveux blonds et soyeux tombent sur ses épaules. Il s'avance, sortant de l'obscurité du palier de la porte - seul endroit de la pièce qui ne soit pas éclairé par les chandeliers aux murs et sur les tables - et marche droit vers le comptoir, d'une démarche souple et légère. Tout le monde peut à présent deviner le corps svelte et musclé qui se dessine sous les plis de la cape flottant derrière lui.

L'inconnu, dont la noblesse évidente contrastait déjà avec la population locale, sort une bourse remplie à n'en point douter de piècettes et la laisse négligemment tomber sur le comptoir, s'attirant ainsi l'attention de la barmaid. En posant son verre, elle fait briller involontairement le blason accroché à sa poitrine, et l'éclair de lumière n'échappe pas au regard du voyageur. Elle s'approche de lui, souriante.

"Que puis-je pour vous... voyageur ? (elle hésite clairement sur le qualitif, l'allure de l'inconnu ne lui ayant pas échappé)
- On m'a dit que vous offriez des... produits plutôt hors du commun."

L'individu semble peser ses mots de sa voix cristalline, alors que la clientèle, qui connaît bien les alcools servis ici, est déjà retournée à sa discussion. La barmaid ne perd cependant pas son sourire, une lueur s'est même allumée dans son regard calculateur. Elle détaille à nouveau la tenue que son interlocuteur tient à l'abri des regards sous la cape, et son sourire s'élargit un peu plus. Elle garde cependant un ton posé et égal quand elle demande :

"Puis-je me permettre de vous demander qui nous fait une si aimable publicité ?
- Vous connaissez certainement Azariel ? Il m'a dit que vous auriez ce que je voulais.
- Oh vous avez parlé à Azariel... Très bien, veuillez me suivre, les produits les plus originaux sont dans l'arrière-boutique..."

L'inconnu approuve d'un hochement de tête et suit la barmaid dans l'arrière-boutique.

Jounal de Azariel, entrée 379, soir,

La journée a été longue...Il fait froid et l'alcool ne semble pas me réchauffer assez aujourd'hui.

Monseigneur Duval nous a enfin payé les 20 000 pièces qu'il nous devait, et celà non sans une certaine persuasion de notre part que sa chère femme n'est pas prète d'oublier. Une nouvelle paire d'ailes blanches est venue s'ajouter au mur de notre chère arrière-salle.

J'ai écrit une lettre de recomandation pour notre tout dernier confrère. Il s'est d'ailleurs récemment distingué par une belle action qui fait honeur à notre milice: il nous a rapporté un rare trophée de "chasse" dont il ne peut s'empêcher de se vanter. Il nous quitte à présent pour une guilde d'assassins naissante sous prétexte que nous ne sommes pas assez francs envers les gens par rapport à notre "activité". Celà dit, il y a des jours où moi-même j'oublie notre mission si monotone celle-ci peut devenir. Ah que je regrette ces anciens jours où nous pouvions librement parcourir les rues sans rencontrer des gens vantards qui montrent leurs ailes à tout bout de champ. Mais celà, je suppose, nous rapproche du sujet auquel je fesait allusion.

Aujourd'hui, un nouveau client est entré au sein de notre bon vieux poney toussant. Il nous a d'ailleurs surpris par ses remarques obstinés et la richesse de son habit. Mais tant mieux car sa bourse était aussi chargée que sa voix était lassante. D'ailleurs c'est une bonne chose car si elle était aussi riche que son vocabulaire, je ne sais pas sur quoi je vivrait.

On a donc un nouveau contrat. Un nouveau Brakmarien à faire "disparaître". Une nouvelle journée de travail.

Espérons au moins que cette fois le bougre saura me divertir...

Azariel, neuvième du nom, disciple de Eca.

Le voyageur ressortait maintenant de l'arrière-boutique, remerciant chaleureusement la barmaid. Des sourires graveleux apparurent sur les visages des hommes présents dans la salle. Elle savait bien pour quoi elle passait, mais elle préférait sa réputation de vendeuse de plaisir que de voir ses véritables activités percées à jour.

Son nouveau client ne trahit pas la nature de ce qu'ils venaient d'échanger, il semblait habitué à ce genre de transactions. Du moment qu'il payait après tout, il pouvait bien être qui il voulait. Sous l'œil maintenant indifférent des clients, la barmaid reprit l'essuyage de ses chopes. de temps en temps son regard se posait sur un écaflip assis à une table dans le coin opposé de la salle. Il était penché sur ce qu'il écrivait, ne regardant personne autour de lui. Il semblait indifférent à ce qui l'entourait, indifférent à la barmaid. Cependant, quand le voyageur atteignit la porte, les deux hommes échangèrent un léger hochement de tête.

Nullement offensée pour l'attitude du félin, la barmaid posa la dernière de ses chopes sur l'étagère derrière elle, fit disparaître son torchon sous son comptoir, et se dirigea vers la table d'Azariel. Elle s'assit nonchalamment en face de lui. Son appartenance au culte de Crä devint alors très visible. Elle s'amusa pendant quelques instants à ralentir la flamme de la bougie posée entre eux, puis lâcha négligemment, assez
bas pour que personne d'autre qu'Azariel n'entende :

"Tu sais, il faudrait commencer à changer de mode de vie... Tout ça m'ennuie."

Azariel leva un sourcil, et, sans quitter ses écrits des yeux, répondit :

"Je croyais que tu t'amusais.
- Oui, tout faire dans le feutré, c'était amusant au début, mais la solitude devient pesante... J'aimerais avoir un groupe d'assassins avec mes côtés, qu'on tue tout ce qu'on veut tuer, pouvoir s'afficher au grand jour sans craindre d'être égorgés dans notre sommeil."

Le regard d'Azariel s'alluma. Cette fois, il leva la tête et lui demanda d'un ton pressant :

"Tu te sens l'âme d'une meneuse ?
- Oui."

Chymes voyait où il voulait en venir. Comme toujours, ils avaient eu la même idée.

Bientôt, se promirent-ils. Bientôt nous serons entourés de braves compagnons, et nous ne craindrons plus personne.