Le devoir se poursuivait pour Malagar. Il continuait sa besogne quotidienne...
Mais avec moins d'inspiration qu'il n'aurait cru. Et pour cause : Les voix revenaient. Mais pas n'importe lesquels, non...
Pendant quelques temps, il avait cru s'être débarassé de ses excès de rage, de ses souvenirs douloureux pour voir vers l'avant. Il avait presque réussi. Mais tel un Sram caché dans l'ombre, il fut prit par surprise, sans vraiment s'y attendre, prit hors position dans un nouvel élan destructeur.
Ses fantômes étaient revenus le hanter. Mais pourquoi?
La réponse consistue en un seul et traitre mot. Mais est-ce vraiment un mot?
Avait-il une réelle signification dans le langage Amaknéen. Non, bien sûr que non. Mais ce mot n'était pas un mot. C'était plutôt un nom.
Noirdencre.
Aussi surprenant que cela puisse paraitre, Noirdencre avait jurée, envers et contre toute attente spécifique de la part de Malagar, qu'elle allait veiller sur Stazya avec lui. Du coup, il avait accepté, si. Faire un peu de compagnie, discuter... Se sentir moins seul dans son calvaire. Toutes les choses semblaient réunis pour justifier la confiance qu'il avait mis sur elle dès le début. Certes, il lui avait forcé quelque peu la main à diverses reprises, s'occupant d'elle quand elle ne le voulait pas nécessairement, mais c'était d'office la meilleure chose à faire. Pourquoi ne lâchait-il pas l'affaire? Nul le sait.
Cependant, on finit par s'attacher lentement et sûrement, et l'amitié se forge d'un instant à l'autre. Le colosse de Gaulmes n'était pas nécessairement l'être le plus chérissable qui soit, mais cependant, il accordait énormément d'importance à la fidélité et à la dévotion à chaque compagnon qu'il eut apprécié un jour ou l'autre. Mettre de l'ardeur dans leur protecteur et leur bien-être, parfois au détriment de sa propre personne. C'est probablement cet aspect altruiste qui faisait de lui quelqu'un de respecté, et non par sa force physique brutale.
Mais, lorsqu'un lien aussi fort que l'amitié peut s'avérer bonasse, elle peut aussi être un coup dur dans les situations houleuses.
La disparition de celle-ci l'a fortement ébranlé. Son amie n'était pas revenue. Et ce n'est pas normal. Peut-être le serait-ce pour quelqu'un d'autre, mais pas pour lui. Elle avait beau être une Sramette, mais elle tenait ses promesses, enfin, tout du moins, ce dans quoi elle s'y était engagé fermement et avec vigueur. Il craignait qu'il lui arrive quelque chose.
Ce fut malheureusement le cas.
Il entendit, un soir durant, un hurlement puissant de Noirdencre dans la wadio. Plusieurs, même. Elle était en danger. Et lui, ce grand Iop, ne pouvait rien faire pour la sauver. Il ignorait tout d'où elle pouvait être, et de ce qui pouvait bien la faire hurler de douleur comme ça. Et...
Les souvenirs remontèrent à la surface. Un brin de lui enterré avait ressurgi. L'entendre souffrir, c'était de se voir aussi en train de prendre les coups, de subir, d'encaisser.
Il l'entend, dans sa tête. Sa voix, implorant de l'aider, de le sortir de là... Ses cris, en échos dans son esprit. Même pendant son sommeil. Pression forte. Il voulait agir, la sortir de là... Tout pour que ce cauchemar vivant cesse. Mais... Doute.
On voulait la faire fléchir. On voulait la mettre à terre.
Mais pourquoi s'acharner contre elle, alors qu'elle n'était responsable de rien?
Pourquoi?
La peur, et l'impuissance envahit Malagar une fois de plus.
Mais à quelque part...
Il fallait espérer.
Et encaisser.