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 L'ombre au pied des arbres

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Appah Timore
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Appah Timore


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MessageSujet: L'ombre au pied des arbres   L'ombre au pied des arbres Icon_minitimeVen 25 Déc - 5:42

Les arbres tordaient leurs branches avides et la terre s’empourprait lentement. Le nectar moiré, sombre, goutte à goutte depuis la main. Les arbres tordaient leurs branches vers le ciel et le sang grondait dans son corps, ce bouillonnement insupportable.
Au milieu de la clairière, la silhouette décharnée souriait, la bouche tordue par la cruelle jouissance de la douleur. Les anneaux pendaient sur ses côtes saillantes. Le teint mat était devenu blême et il tremblait légèrement.
Plus de Poudre. Une marque au fer rouge dans sa tête, qui lui vrillait le cerveau, monopolisant ses pensées. Manque.
Une chique. Juste une, froisser entre ses doigts, la faire rouler dans sa bouche, suçoter le suc amer et… Rien. Il se rendit compte que ses doigts raclaient le fond de sa poche. Il avait beau savoir qu’elle était vide, il cherchait quand même, désespérément.
Ou alors… une drogue liquide… elles étaient plus chères, plus puissantes…
L’image d’un sachet de Poudre refusait de quitter son esprit. Pourquoi diable l’avait-il donné à Jeth ? Le dernier ! …
La lame revint élargir la blessure, et l’espace d’un instant, le besoin impérieux diminua. Mais ça ne dura pas. Le Manque, toujours.
La Manque, qui était aussi l’Absence. Toujours cette même personne, toujours ce même instant, où il avait brisé le lien…

Pour la première fois depuis des mois, Appah était parfaitement conscient, percevant tout le chaos, toute la souffrance endiguée. Perdue, l’euphorie trompeuse, l’indifférence amusée, les évènements qui le touchaient comme un écho. Tout était là, dans ses entrailles, déchiré, dans sa tête, confus, entremêlé, et pourtant tellement clair. Fou. Anormal. Dangereux. C’était vrai. Il n’était pas capable de toucher quelque chose sans le consumer avec lui.

Retourner le couteau dans la plaie, au sens propre, noyer sa détresse dans une vague de plaisir. Oublier. Juste un moment.

Mais les images revinrent, aussitôt. La douleur n’était pas suffisante. Il ferma les yeux pour ne plus voir le visage de Shus, son sourire confiant… « On l’sait qu’tu nous abandonnes pas… »
Paupières serrées, il luttait pour effacer ce reproche incessant. Mais le noir ne resta pas vierge bien longtemps.

C’était une grange. Ca sentait le foin, la terre battue, la misère. Devant lui, un corps chétif recroquevillé sur le sol. A sa merci.
Son coup de pied ricocha sur sa mâchoire. Un sanglot secoua le tas de haillons.
« Relève-toi et bats toi, espèce de loque ! »
Il ne voulait pas qu’il se relève. Il posa sa botte sur son ventre et appuya, lentement, de plus en plus fort, jusqu’à lui faire cracher un flot de bile et de sang. L’écraser. Comme l’insecte insignifiant qu’il était.
Suffoquant, l’enfant tordait son cou à la recherche d’air.
Il s’accroupit au dessus de lui et accentua la pression. Broyer. Cette faiblesse abjecte, qui osait partager son sang.
Même comme ça, même à cette distance, les yeux rouges fuyaient les siens. La peur, toujours. Il n’avait jamais rien lu d’autre dans ces yeux là. Et il voulait s’assurer que ça n’arrive pas. Qu’aucun espoir, qu’aucune lumière ne les éclaire. Il voulait juste le détruire.
Il saisit un crochet qui trainait dans la poussière, et le leva, très haut.
Le garçon cria avant même qu’il ne déchire sa chair. Il sentit sourire avide dévorer son visage. Une nouvelle plaie sur la peau blanche, déjà grêlée par les coups. Les supplications se fondaient, simple bourdonnement dans ses oreilles. Après tout ce temps, il continuait à l’implorer. Il l’ignora, seulement soucieux d’ajouter une marque de plus.
Le bout de métal s’abattit. Plainte stridente. Une marque de plus. Pour le briser, jour après jour.

Le goût de l’acier dans sa bouche. Âcre, chaud, visqueux. Il se mordait la lèvre, si fort que ses canines rencontraient presque les dents du dessous, et qu’un gémissement lui échappa.
L’accoutumance, sans doute. Cette douleur là ne lui faisait aucun bien.
Il voulait fuir, effacer tout ça.
Il se mit à murmurer comme pour se convaincre :
« Je m’en fous, je m’en fous, c’était qu’un raté, un dégénéré… C’est à cause de lui qu’ils se moquaient… Elle me l’a demandé. Je l’ai fait pour elle… Il le fallait… Pour qu’il devienne un Sacrieur… C’était pour son bien ! »
Il était bien trop lucide. Les mensonges ne marchaient plus. Une partie de lui-même l’observait sans complaisance. Il avait eut le choix, et il l’avait fait, parce qu’il aimait ça. Seulement pour éprouver son petit pouvoir, seulement par sadisme. Et sa lâcheté le répugnait.
Il avait cru enterrer sa faiblesse longtemps auparavant. Il se pensait insensible, protégé de la souffrance des autres. Pouvoir croire qu’à l’époque, il n’était pas lui-même un enfant. Pouvoir faire comme s’il n’avait jamais pleuré à l’abri des regards.
Le remord n’était pas nouveau. Il l’avait juste caché toujours plus profond, et nourrit de morts.
Vivre comme une bête féroce au visage souriant, d’émotions violentes et de saccage, pour nier le dégoût, la lassitude et la solitude. Ca ne pouvait durer. Aujourd’hui, il fallait en payer le prix.

Il secoua la tête. Il revoyait ses yeux sans cesse baissés, son air sournois, ses gestes entravés par la crainte. Il avait beau chercher, il ne pouvait se rappeler d’un sourire ou d’un regard franc. Son frère avait toujours eu l’air d’un animal souffreteux et craintif. Un être humain dressé en dessous de sa condition.

Il rouvrit finalement les yeux, oscillant lentement d’avant en arrière. Son regard tomba sur la souche en face de lui. Une souche de châtaigner, imposante et sombre. C’était le premier arbre qu’il avait abattu. Elle était là. Six pieds sous terre. Pourtant, elle l’observait. Rien ne pouvait le soustraire à son attention. Rien, sauf…
Il était à cran. Son esprit s’agitait en tous sens comme dans une cage trop étroite, une cage dont les bords se resserraient sans cesse. Le doute devenait physique, une nausée qui soulevait son estomac. A moins que ce soit le Manque, un effet secondaire du manque. Il ne savait plus. Elle se dressait contre lui, à l’intérieur, et réclamait du sang. Tuer pour elle, encore. Il ne voulait plus. Il ne pouvait plus.
Il était fatigué de cette existence, fatigué de ses efforts récents pour contrôler sa folie. S’il pouvait juste… effacer…

Elle était à côté de lui. Il la voyait, à présent. Elle écartait les bras, rejetant sa chevelure noire le long de son épaule.
Il l’appela : « Maman ! »
Elle lui sourit gentiment, le mouvement de ses lèvres éclairant son visage harmonieux.
« Viens, mon petit… Viens dans mes bras. Tu es mon fils, mon préféré. »
Il sentit une bouffée d’espoir lui tordre le cœur. Il se précipita vers elle, bouleversé qu’elle lui accorde un tel témoignage d’affection. Il avait bien fait de maltraiter son frère. Tant qu’il restait le plus fort, c’était lui que sa mère chérirait, lui seul.
« Là, là… » Elle le serrait contre son cœur, le berçant d’une voix douce. Il appuya son menton contre sa clavicule, fourrant son visage dans son cou, à l’abri, et grimaça légèrement, serrant entre ses doigts le tissu de sa jupe. Les mains caressantes dans son dos se teintaient de rouge. Il se concentra sur l’odeur maternelle, chaude et épicée. La douleur n’était rien, il pouvait supporter, tant qu’elle le tiendrait comme ça, contre son cœur, plus rien n’aurait d’importance… Mais les ongles aigus s’enfoncèrent plus profondément dans sa chair, entre ses omoplates, et il ne put retenir un sursaut. Il se figea.
Elle stoppa tout mouvement et demanda d’une voix glaciale :
« Tu n’aimes pas ça ? »
Tremblant, il lui assura que si, mais elle ne l’écoutait pas. Lentement, la rage déformait ses traits, faisant de sa beauté un masque grotesque. Elle hurla, hystérique :
« Quel fils repousse l’étreinte de sa mère ? Tu ne m’aimes pas, c’est ça ? Tu ne m’aimes pas ! »
Il s’agrippait désespérément à elle, terrorisé, jurant qu’il l’aimait, qu’elle pouvait lui faire ce qu’elle voulait tant qu’elle le gardait là, juste un peu, entre ses bras…
Elle le repoussa de toutes ses forces, le projetant à travers la pièce étroite. Sa tête heurta l’angle d’un meuble et sa vision se troubla sous le choc. Le temps qu’il se redresse sur les coudes, elle était sur lui, le soulevait par les cheveux. Il poussa un glapissement. Elle l’envoya heurter le mur et le maintint sur pieds d’une poigne ferme. Dans sa main, une lanière du cuir.
« Tourne-toi ! »
Claquement furieux, explosion de souffrance. Les coups pleuvaient, lacéraient son dos, quels que soient ses pleurs, quels que soient ses cris. Il tomba à genoux, tout tournait autour de lui. Inclinant la tête de côté, il distingua à travers ses larmes, dans l’ombre de la porte, une petite silhouette embusquée, deux yeux rouges qui le regardaient. Avides.

Il n’y avait que la clairière au travers de son regard brouillé. Les arbres tournoyaient autour de lui, tordant leurs branches vers le ciel. Dans leurs ombres se cachaient des démons, des fautes. La terre avait été remuée au pied de la souche, il en était sûr. Elle était sortie. Elle n’avait jamais été là. Un enfant le fixait et se moquait de lui. Tout tournait, semblait s’éloigner. Son dos le cuisait. Le sang imbibait le sol et la terre l’avalait. Il avait beau se tordre, il ne parvenait pas à atteindre son échine. Le couteau tailladait, encore et encore, pour effacer. Remplacer les marques de sa mère par des blessures fraiches. Qu’elle cesse de le regarder. Qu’elle cesse d’intervenir dans sa vie. Mais l’enfant ne voulait pas disparaître. Avec cette ombre dans le regard. Cette ombre qui était la sienne. Tout se troublait autour de lui. Il perdait trop de sang, alors peut être que ce manège infernal s’arrêterait, enfin.
Mais il restait toujours une zone inaccessible, où l’empreinte de sa mère demeurait.
Implorant, il appela son frère.
« Tim… »

L’image de l’albinos fut dissipée par un souvenir plus récent. Un visage crasseux, des cheveux roux emmêlés, un regard hagard et un sourire d’enfant.

Lentement, il décrispa ses doigts du manche de son arme, et un à un, les décolla, laissant la lame tomber sur le sol. Sa respiration se calma, devenant rauque. Ses bras se collèrent contre son corps et il serra sa tête entre ses mains, comme pour en chasser le trop plein.
Il évalua les dégâts. Il avait arrêté l’hémorragie à temps. Contrôlé par sa volonté, le sang restant demeura dans ses veines.

Il observa sa main maculée et la croûte séchée brunâtre restée sous ses ongles. Il ne lui restait plus beaucoup de temps. Même la douleur ne suffisait plus.
Plus d’un mois sans tuer. Une semaine sans drogue. Il était dans un état lamentable. Tôt ou tard, elle réclamerait son dû. Mais il devait tenir, encore un peu. Il avait promis.
C’était le seul moyen de se racheter.

Il prit appui sur ses genoux pour se relever, mais sa tentative se solda par un échec. Il retomba lourdement dans les feuilles mortes avec un grognement sourd. Son deuxième essai fut plus prudent : il agrippa les branches d’un arbrisseau et se hissa ainsi à hauteur d’homme. Des points noirs passèrent devant ses yeux. Il avait été trop loin et l’anémie le vidait de ses dernières forces. Cela lui était déjà arrivé à de nombreuses reprises, s’évanouir suite à ses blessures en affrontant des monstres… Il était un peu téméraire. Juste un peu. Mais là, il n’y avait pas d’allié pour le ranimer d’une façon ou d’une autre. Et avec les loups qui trainaient dans les Landes… Inconscient, il ne ferait pas long feu. En plus, le coin était désert. Il l’avait choisi pour ça.
Il se traina comme il put à travers les broussailles jusqu’à gagner la route. Il s’affala contre un rocher faisant office de borne, y laissant une grande empreinte sanglante. Il tira tant bien que mal sa wadio de son sac, priant pour que quelqu’un l’ait laissée allumée à cette heure de la nuit. Ses pensées se faisaient confuses, lointaines.
« Allo, ici Appah… J’suis blessé, j’ai… besoin d’assistance… »
Elle tendait ses mains vers lui, l’attirant dans le noir. Il s’arracha aux ténèbres, il ne pouvait pas abandonner, pas encore…
« Position… Sidimote, route de l’… l’ouest… Après le hameau d… Crifeuil. Quinze milles de Brâk… mar… »
La wadio échappa à ses doigts devenus fébriles. Le sommeil aveugle l’accueillit, réconfortant…


[Si quelqu'un aurait la gentillesse d'aller ramasser Appah et par la même faire un peu de rp écrit avec lui, vous m'en verriez ravie ^^ ]


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MessageSujet: Re: L'ombre au pied des arbres   L'ombre au pied des arbres Icon_minitimeDim 27 Déc - 9:44

Elle avait sa dose. Sa dose de sang, sa dose de fatigue, sa dose de douleurs, sa dose d'humanité. Elle voyait le temps qui reprenait ses droits sur son corps, comme s'il voulait rattraper le retard qu'il avait pris en une centaine d'années. Ce corps qui vieillissait à nouveau, peu important la perceptibilité du phénomène. Elle le sentait le matin en se levant la tête embrumée, la journée quand elle avait mal aux pieds et au dos, la faim qui la tenaillait, ce ventre qui grossissait. Des jumeaux. Un garçon et une fille, avait dit Elyah, qu'elle élèverait seule. Et une fois qu'ils seraient nés ? Était-ce le début d'une vie mortelle, ou simplement un intermède ? Que voulait-elle ?

Elle considérait tout ça, et surveillait sans pouvoir grand chose l'immense trou qui se creusait dans son cœur, dans ses entrailles. Elle ne voulait pas de cette vie. Elle ne voulait pas de ce cadeau venu d'elle ne savait où. Elle voulait son cœur froid et son caractère insensible, oublier cette humanité insupportable. Elle voulait sa carapace de diamant de dix centimètres d'épaisseur. Elle aurait supplié n'importe qui pour ça. La peur compressait sans merci aucune son cœur battant. Ses yeux embués déversaient des vagues de larmes. Perchée sur son toit au beau milieu de la nuit, seule, en silence, la vampiresse sans pitié pleurait. Elle n'aurait appelé à l'aide pour rien au monde. Personne ne savait, personne n'avait à savoir. Les traits tirés, les yeux rouges, ça faisait partie du boulot.

La wadio à sa ceinture crachota, cependant elle ne l'entendit pas tout de suite. Une voix parvint à ses oreilles une ou deux secondes plus tard, et elle ne pouvait plus confondre le son avec ses propres sanglots. Ses émotions étaient déjà bien entremêlées, était-il possible que sa détresse se soit amplifiée ? Elle reconnut la voix d'Appah, sans doute le responsable de l'aggravation de sa situation.

« Allo, ici Appah… J’suis blessé, j’ai… besoin d’assistance… Position… Sidimote, route de l’… l’ouest… Après le hameau d… Crifeuil. Quinze milles de Brâk… mar… »

Elle décrocha sa wadio et la regarda d'un air incrédule. Qu'est-ce qui se passait encore ? Un besoin d'assistance... Elle tenta de se remémorer où elle avait laissé sa dragodinde. Parce que bien sûr, dans son état, pas question d'y aller en courant... Elle déplia ses jambes devant elle pour se laisser glisser précautionneusement vers le bord du toit. Elle balança ses jambes dans le vide et le reste de son corps dans la meule de foin - prévue à cet effet précis - et avisa sa monture somnolente sur ses pattes.

Quelques secondes plus tard, une dragodinde couleur ébène sauta la clôture de l'enclos privé de la Taverne et s'élança sur la route qui devait les conduire hors de la forêt. Les arbres défilaient à toute allure, le vent glacé des nuits d'hiver fouettait son visage. Plus aucun son n'émanait de la wadio, maintenant. Elle n'avait pas besoin de plus d'indication, la situation lui paraissait très claire ainsi. Ses larmes séchaient dans le vent, ses yeux restaient rougis. Quelle importance, il n'y avait personne pour les voir.

Elle trouva le passage vers Brâkmar avec facilité, même dans le noir. Elle dépassa les mineurs sombres en trombes - de toute façon la plupart dormaient sur leurs pioches - et fit galoper sa dragodinde sur les rails du wagon. Elle émergea bien vite à l'air libre et prit la direction que lui avait indiquée Appah. Appeler les Miliciens en renfort ne serait d'aucune utilité, tous dormaient à cette heure. Peu importe, elle pouvait le transporter jusqu'au zaap avec sa monture, puis jusqu'à Elyah par zaap. Il faisait froid et les rues pouvaient être mal fréquentées, mais eh. On n'abandonne pas un Milicien dans la panade.

Il était là. Étendu sur le sol, inerte, la wadio encore dans les mains. Et dans un état lamentable. Qu'est-ce qu'il avait foutu ? Elle se laissa glisser à terre et trottina vers lui avec sa dinde. Elle avait sans doute peu de temps, elle ne sentait rien émanant de lui. Très mauvais signe. Elle avait encore pas mal de force, elle le souleva donc sans trop de peine pour le jucher sur sa monture. Elle monta derrière lui et talonna sa monture. Quelques instants plus tard, ils émergèrent du zaap pour s'élancer vers le temple Eniripsa. Elyah allait finir par lui en vouloir, elle ne venait que la nuit la visiter... Les pierres disposées en rond, reconnaissables entre mille, apparurent enfin. La dinde pila net devant l'entrée, pour laisser ses cavaliers descendre et entrer.

"Elyah ! Elyah, debout, t'as du boulot ! VIte !..."
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MessageSujet: Re: L'ombre au pied des arbres   L'ombre au pied des arbres Icon_minitimeMer 6 Jan - 4:32

Les cahots de la dragodinde au galop élancèrent les déchirures dans son dos et la souffrance ramena sa conscience à la surface. Étendu en travers de la monture, la selle rentrait à chaque enjambée dans son estomac, accentuant sa nausée. Il ne pouvait pas même bouger pour trouver une posture moins douloureuse. La vitesse le plaquait contre le corps de l'oiseau, et il avait à peine la force d'entrouvrir ses paupières. Tête en bas, le sang bourdonnait dans ses oreilles, sifflant dans ses tempes, ce même sang qui manquait cruellement dans ses veines. Il y avait quelqu'un près de lui, quelqu'un qui le retenait, l'empêchant de tomber en dépit des efforts manifestes de la monture pour le désarçonner dans sa course. Il tenta de marmonner quelque chose pour lui signaler l'inconfort de sa position mais seule un peu de salive teintée de rouge passa au travers de ses lèvres.

Heureusement, le transport dura peu. Il sentit les troubles et les vertiges caractéristiques d'un passage de zaap altérer ses pensées, puis la dinde géante s'arrêta enfin. Il tenta de descendre à la suite du cavalier, mais sous-estima la hauteur du garrot de l'animal: le sol se précipita sur lui, et il se contenta d'amortir sa chute avec ses bras. Le choc se propagea le long de son échine, la douleur faillit le renvoyer dans les vapes. Douleur chérie, douleur trop forte. Dangereuse, un avertissement, il fallait faire cesser l'hémorragie... Il en était incapable. Son pouvoir ne parvenait même plus à coaguler le liquide vital. La douleur retentissait toujours, et le plaisir ne l'accompagnait plus, comme s'il avait dépassé un certain stade. C'était un signal nerveux pour prévenir les lésions. Sa discipline de Sacrieur allait à l'encontre des instincts du corps et aujourd'hui, il avait clairement dépassé ses limites. L'odeur âcre et humide de la terre montait dans ses narines. Il tremblait légèrement. Même comme ça, à moitié évanoui, l'absence de drogue dans ses veines le tourmentait. Une voix retentit, appelant à l'aide. Elle lui parvenait de loin et pourtant, éveilla un écho de souvenir.

Il croassa faiblement:
"Chymes?..."


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MessageSujet: Re: L'ombre au pied des arbres   L'ombre au pied des arbres Icon_minitimeDim 10 Jan - 1:03

[Ah, je viens de percuter que Chymes est encore enceinte et vivante dans ce RP :')]

Elyah émergeait déjà de l'ombre, aussi promptement que toujours. Son regard se porta d'abord sur la craette et son ventre rebondi, puis derrière elle quand le "thud" caractéristique d'une chute se fit entendre. Chymes fit volte face et se précipita sur Appah qui l'appelait, immobile sur le sol. Elyah était juste derrière elle, ses mains d'experte étaient déjà sur lui et parcouraient son corps à la recherche de blessures. L'Eniripsa secoua la tête d'un air désapprobateur.

"Qu'est-ce qui cloche chez vous, les Miliciens ? Quel genre de traitement vous infligez-vous donc dans cette guilde ?"

Chymes se mordit la lèvre inférieure en repensant aux longues heures debout devant un atelier ou à combattre. Des heures qu'elle aurait dû passer à se reposer. Elle balaya le remords et reporta son attention sur son Milicien. Elyah ne prononça pas son diagnostique, se contentant de faire jaillir sa lueur ça et là sur ses membres. La médecine n'était pas son fort, les magies eniripsiennes encore moins, la craette ne saisissait pas le sens de ses gestes.

"Elyah, il va s'en sortir ? Qu'est-ce qu'il a ?"

L'Eniripsa ne répondit pas tout de suite. Trente angoissantes secondes filèrent dans le silence le plus complet.

"Syndrome de manque classique... anémie... plusieurs blessures sur l'ensemble du corps..."

Elyah parlait en murmurant vaguement, et Chymes comprit qu'elle ne lui répondait pas vraiment. Elle établissait le diagnostique. La craette n'ajouta rien.

Finalement, Elyah se redressa et plaça ses mains sous le corps d'Appah. Elle le souleva comme s'il s'était agi d'un simple sac et le balança par-dessus son épaule. Elle trottina jusqu'au centre de la salle et déposa délicatement le Sacrieur sur le sol. Elle se pencha à nouveau sur lui en murmurant des paroles que la craette ne saisit pas. Immobile à l'entrée du temple, la Patronne regarda Elyah manœuvrer en s'agitant autour de lui. L'Eniripsa lâcha finalement, sans la regarder :

"Je ne sais pas si je peux faire grand chose pour lui. Il est resté longtemps comme ça, et les Sacrieurs aiment bien se porter juste à la limite de ce que leur corps peut supporter. Quand on on m'en amène un inconscient, c'est qu'il est allé trop loin, ils ne survivent pas tous."

Chymes ne répliqua rien. Elle sentait l'accusation dans la voix d'Elyah et ça lui ferma son clapet. Elle s'assit sur le banc le plus proche, s'y laissa tomber plutôt, la bouche ouverte, le regard fixé sur Appah. Une solution de secours lui traversa l'esprit, avant qu'elle se rappelle avec amertume qu'elle n'était venimeuse pour personne en l'état actuel des choses. Ses doigts tremblants saisirent la wadio à sa ceinture :

"Shus... Shus'Anlsou... Quelqu'un... Y'a Appah qui est pas bien là... On est au temple Eniripsa... Faut venir..."

Ses entrailles se tordirent quand elle imagina le cœur d'Appah ralentir jusqu'à l'inertie éternelle. Elle ne pouvait envisager qu'il meurt. Et si ça devait arriver, elle n'était pas la personne appropriée pour recueillir son dernier soupir. Elle espérait seulement qu'Elyah était aussi douée qu'elle le croyait. Parce qu'elle-même ne pouvait rien.
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MessageSujet: Re: L'ombre au pied des arbres   L'ombre au pied des arbres Icon_minitimeDim 10 Jan - 7:17

Xaleis, comme cela lui arrivait souvent, avait oublié d'éteindre sa wadio avant de se coucher. Il aimait bien entendre les autres miliciens pour s'endormir. Cela lui rappelait sa douce enfance.
Le problème étant que même si la plupart des nuits étaient calmes, certaines ne manquaient pas de voir un milicien saoul où complètement ahuri hurler dans sa wadio à une heure de la nuit plus qu'avancée...
C'est comme ça que Xaleis s'était plusieurs fois fais réveillé en sursaut par La voix de Jeth, de Shus, où d'on ne sait qui encore, en plein concours de Rot ou autres idioties...

Cependant, cette nuit là n'était pas une nuit comme les autres. Xaleis avait eut du mal à trouver le sommeil. Il faisait Chaud. L'entrainement avait été rude et Xaleis était perclu de courbatures. Il pensait à Elnimea. Sa femme. Il avait le coeur lourd chaque fois qu'il la voyait. Et il la voyait tout les jours, enfin, son corps. Il la surveillait constamment. Il ne fallait pas qu'elle se retrouve entre de mauvaises mains. Avec son esprit qui faisait plus de va que de viens vers le monde des morts... Il faudrait qu'il résolve le problème un jour où l'autre.

Son esprit divaguait ainsi, de sa femme au moyen de trouver une solution au problème de son corps mort-vivant, jusqu'à ce qu'il s'endorme.
Il dormit mal. Et quand la wadio, qu'il n'avait pas éteint, s'agita, il ne manqua pas de se réveiller.


"Shus... Shus'Anlsou... Quelqu'un... Y'a Appah qui est pas bien là... On est au temple Eniripsa... Faut venir..."

"Patronne. Qu'est-ce qui se passe?"
Pas de réponse.
"Patronne, Y'a quelqu'un? C'est Xaleis. Repondez."
Toujours rien.
"Merde".

Xaleis se leva, enfila ses vêtement, pris son arc, et regarda une dernière fois sa wadio. Éteinte.
"Tu pouvais pas trouver un meilleur moment pour tomber en panne toi..."

La patronne avait demandé après Shus. Mais elle avait l'air sacrément mal. Quelque chose ne tournait pas rond. Il fallait qu'il aille voir. Il était seul de toute façon, trop loin de la Taverne.
Réveillant sa Dragoune rose, Xaleis pris la direction du temple :

"Allez zézette. On va au temple Eniripsia. Il faut faire vite. Vole!"

Il faisait nuit noire, mais la Dragoune lui ouvrait le chemin. De telle sorte qu'il finit par arriver au temple, entier.
Xaleis passa la porte. Chymes était assise, non loin de là.


"Je suis là patronne. Chymes? Qu'est-ce qui c'est passé? Je peut faire quelque chose?"

C'est alors que Xaleis remarqua l'étrange scène : une vieille disciple d'Eniripsia penchée sur Appah, qui avait l'air plus que mal en point.

Ce n'était pas lui qu'on désirait dans un moment pareil. Il le savait. Pourtant il s'approcha du corps ensanglanté gisant sur la table, et sans vraiment réaliser ce qu'il faisait, il prit la main d'Appah.


"Tiens le coup mon frère. Bas-toi. On en a pas encore fini avec toi ici. T'a pas le droit de partir comme ça."
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MessageSujet: Re: L'ombre au pied des arbres   L'ombre au pied des arbres Icon_minitimeDim 17 Jan - 9:38

[Bon, désolée Chymes, finalement j'ai préféré avancer ce rp plutôt que rattraper mon retard, ça m'ennuyait de garder un doute sur ce qui se passait dans un passé qui commence à dater ^^' D'autant que ça va déterminer le rapport de nos personnages. Comme je vais pas pouvoir me connecter beaucoup cette semaine, le rp en jeu risque d'être reporté au prochain week end... Je regrette vraiment, parce que j'ai bien envie de développer le rapport entre Appah et Chymes (et Xal, sisi) u_u si jamais tu as le temps de me faire un micro résumé par mp, que je sois pas non plus trop à la masse, je t'en serais profondément reconnaissante! ...]



On le déplaçait, quelque part à l'intérieur, où le vent ne frémissait pas contre sa chair, où l'humus ne pénétrait pas dans ses plaies. Il était vulnérable, ouvert à toutes les menaces, de grandes brèches béantes par lesquelles la souffrance et les infections s'infiltraient. Il avait conscience de ses limites dissoutes, de la pression du monde extérieur, prêt à broyer son fragile organisme dans ses rouages. Son corps luttait malgré lui pour contenir tout ça au dehors, pour garder sa cohérence, pour survivre.
Pourquoi le supporter ? Il pouvait suivre le chemin du sang et s'enfuir. Il pouvait profiter de la fragilité des barrières. Loin de ses tourments, loin de ses fautes, loin de lui même. Il pouvait n'être personne.

Ça n'allait pas. Quelqu'un le retenait. Des paroles tourbillonnantes, des mots au sens commun derrière lesquels se cachait le pouvoir. Les ouvertures se refermaient, unes à unes. On lui offrait de l'énergie, pour lui donner la force de lutter. Ces imbéciles ne comprenaient donc pas?! Il ne voulait pas qu'on le ramène. Il voulait partir, disparaître. Il tenta de parler, n'y parvint pas. Ils n'avaient pas le droit! Trop de choses se cachaient dans l'ombre qu'il avait peur d'affronter. Alors qu'il avait enfin une occasion de laisser tomber, de dire simplement qu'il en avait assez, on le forçait à continuer?
Le désespoir perla à ses yeux, humide. Je ne veux pas, je ne veux plus, par pitié, laissez moi! Pourquoi les mots ne voulaient pas sortir?

La sensation de chaleur et la lumière qui filtrait à travers ses paupières s'éloignèrent. Quelque chose l'arrachait à son corps, et il n'avait aucune envie de s'accrocher. Les soins ne suffisaient pas. Il avait fait du bon boulot, pour s'abimer de la sorte. Une sombre satisfaction l'envahit. Ils auraient beau faire tout leur possible, il leur échapperait.

La peur, aussi. Il allait disparaître. Mais unes à unes, les émotions s'éteignaient. Plus de douleur, plus de manque. Il voyait clair, il était calme. Ne restait que le silence.

Il contempla l'être pitoyable qu'il abandonnait. Souillé, coupable, victime aussi. L'achever serait plus charitable. Il ne tenait qu'à lui de briser le lien fragile qui le retenait. Il n'avait aucun regret pour ce qu'il laissait.

Une vague conscience d'un contact, quelqu'un s'emparant de sa main. A quoi bon? Ce corps n'était guère plus qu'un cadavre.

Mais Appah entendit les paroles, malgré lui. On l'avait appelé... frère?

"On en a pas fini avec toi ici. T'as pas le droit de partir comme ça."

Les souvenirs, fulgurants, l'écorchèrent à ces mots. Des regrets, il en avait, et des tas! Et ses promesses? Et ses responsabilités?

La seule personne à lui donner envie de vivre, valait-elle ce sacrifice? Elle n'était pas là. Il était seul, il serait toujours seul. Et même quand Shus était là, il n'était pas vraiment là. Il n'avait pas besoin de lui. Il y avait déjà pensé. Si le Iop le perdait, il ne perdrait pas grand chose.

Jeth, par contre... Le Sacrieur était toujours instable, vulnérable à l'influence de Wohptinssa. Il ne pouvait pas le laisser tomber alors que cette ordure courait toujours, prête à le remettre en esclavage à la première occasion. Si seulement Malagar avait eu sa peau! Si seulement il n'avait pas hésité lorsqu'il était à sa merci... Jeth lui avait ramené le corps meurti à la maison, comme un familier encombrant, et il n'avait pas su dire non face à son regard implorant. Il avait beau savoir qu'assassiner Wohptinssa serait la façon la plus simple de libérer Jeth, il ne pouvait pas supporter la peine et la colère qu'il causerait alors à son protégé. Il respectait sa volonté, même s'il avait tort.

Il avait donc recueilli son ennemi sous son toit quelques jours, jusqu'à ce qu'il se remette et s'en aille en promettant de récupérer Jeth et de faire payer sa dette à Appah. Ils lui avaient sauvé la vie, et il parlait encore de dette?! Il aurait dû savoir qu'il était inutile d'attendre de la reconnaissance d'un type pareil.

Le récit des horreurs qu'il avait fait subir à Jeth le révulsait, il le répugnait d'autant plus qu'il s'y reconnaissait. Torturer, tuer, ce n'était pas grand chose... Briser quelqu'un, l'écraser jusqu'à s'assurer qu'il ne puisse jamais se relever, qu'il ne soit plus jamais qu'une ombre de personne, là était le mal. Il le distinguait bien, à présent: il ne détestait pas Wohptinssa. Il se haïssait lui même.
Il avait eu un frère, il avait détruit son avenir. C'était cet avenir qu'il rendrait à Jeth.

Ce n'est pas tant la volonté de vivre que le désespoir qui le poussa à retrouver la déchirure de ses muscles, le manque lancinant et la présence de sa mère. Il ne savait pas comment sauver Jeth, mais il était prêt à se sacrifier. Xaleis avait raison, il n'avait pas le droit de crever pour rien.

Il ouvrit les yeux pour dévisager la personne qui lui tenait le poignet. Xaleis? Que faisait ce Crâ prétentieux à son côté? Et il n'était pas le seul! Une Eniripsa et deux Crâs, bel entourage pour son retour à la vie! Malgré sa faiblesse, Appah grimaça un sourire méprisant et retira sa paume de la poigne de son veilleur. Il détestait ces demis-portions qui parlaient plus qu'elles n'agissaient et cette bande de chochottes pas foutus de se battre de front... Depuis quand fréquentait-il les disciples de ces dieux?

La Milice Ecarlate. Ils étaient venus. Pour lui. Une émotion trop forte le suffoqua soudain. Il avait failli crever. Il avait vraiment failli crever.
Le Sacrieur rejeta la tête en arrière sur les dalles froides et posa sa main sur ses yeux pour cacher ses larmes.
"Pardon... pardon..." sanglotait-il, encore et encore, d'une voix trop aigüe.
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