Une tête connue? Peut-être...

"Et que comptes-tu faire, maintenant?"

La question lui était posée sur un ton calme et rassurant. De toute évidence, il n'avait rien à répondre... Que pouvait-il faire? Certes, tout s'était arrangé, grâce à lui. Mais il n'avait aucun lieu où aller. Il était perdu. Oui, il n'était plus seul. Mais il allait devoir dormir dehors, à ce train-là.

"J'en sais rien..."

Nouveau soupir de son interlocuteur. Celui-ci s'avança un peu plus. C'était un disciple de Féca. Cheveux châtains, dans un état absolument lamentable. Encore quelqu'un qui n'aimait pas se coiffer... A croire qu'il les attirait à la pelle. Son bras droit était recouvert d'une légère cape, de la taille juste pour cacher son handicap. Il venait de se dégager de l'arbre sur lequel il était appuyé pour se rapprocher de lui, assis sur une barrière, dos au Protecteur. Doucement, il posa sa main gauche sur son épaule.

"Si tu veux, je peux m'occuper de toi, Edmond."

Le-dit Edmond se retourna et ouvrit de grands yeux. Ceux-ci étaient bleus. D'un beau bleu, superbe, comme le ciel par un jour d'été dégagé. Combinés à sa chevelure noire et à ses habits, une espèce de tenue de scène noire également, qu'il avait troqué à la place de la tenue blanche qu'il avait habituellement, cela faisait de lui un homme élégant et plein de charmes, malgré le fait qu'il approchait la trentaine d'années. Il semblait n'avoir prêté allégeance à aucun dieu. Non, c'était un simple homme, normal. Et la proposition du Féca semblait le surprendre.

"Mais... Et Kayce?"
"Je m'occupe de tout. Ne t'inquiète pas, va. Et quand tu te sentiras prêt, tu pourras venir postuler à la Milice." répondit-il dans un grand sourire.
"Malgré ce que j'ai fais...?"
"Ne t'inquiète pas pour ça. Ils n'ont pas forcément besoin de savoir qui tu es dès le départ. On peut attendre que les choses se calment."
"Mais..."

Le jeune homme baissa les yeux. Il s'en voulait pour ce qu'il avait fait. Il en avait presque blessé certains... Il leur avait posé un ultimatum... Et maintenant, il allait les rejoindre? Non, comment pourrait-il jouer le jeu? C'était tellement fou...

"Il n'y a pas de mais. Ecoute moi, c'est ce que tu vas faire. Et soit un peu plus joyeux!"
"Plus joyeux, hein... Tu veux que je te ressorte mes phrases dynamiques... miques-miques?"

Tout deux se mirent à rire. Depuis le temps qu'il n'avait plus éprouvé une telle sensation de bonheur... Il se sentait de nouveau avec quelqu'un, de nouveau prêt à quelque chose. Il allait avancer. Il allait continuer sa vie. Grâce à eux. A tous.

"Merci, Kid..."

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Quelques temps s'était écoulé depuis cet épisode. Edmond avait repris le goût de vivre, et de nouveau, il était aussi joyeux que... Oh, c'était il y a combien de temps? 15 ans? Oui, pas loin... Et ce jour-là, il avait enfin pris sa décision, sous l'influence de son ami. Il allait postuler à la Milice. Il avait eu l'occasion de combattre avec quelques-uns d'entre eux, et d'en rencontrer d'autres. C'était tous des gens très sympathiques -malgré que certains était assez bizarre-. Et il allait continuer de rencontrer ceux dont il ignorait tout. Enfin...

Il était dans un arbre, non loin de la Taverne. Tout était prêt, il avait écrit son parchemin. Il ne restait plus qu'à l'apporter... Mais il n'osait pas. Ou plutôt, il ne voulait pas. Pas de cette manière. Il lui fallait quelque chose de raffiné... Soudain, l'idée lui germa. Mais oui, c'était ça, la bonne idée... Il tendit la main et fit apparaître une petite colombe à l'intérieur. A ses pattes, il accrocha le parchemin, et lui murmura quelques mots à l'oreille, avant de la laisser s'envoler. Habile, évitant les branches et les feuilles, elle passa par la porte qu'un client venait d'ouvrir pour entrer à l'intérieur du bâtiment. Là, elle prit de la hauteur, fit la tour de la salle principale, piailla deux ou trois fois et déposa sur le comptoir le parchemin, en restant à côté.

Si quelqu'un le regardait, il pourrait lire:

"Chers Miliciens, chères Miliciennes,

Si je vous envoie ce parchemin en ce jour, c'est que je souhaite, comme vous pouvez vous en douter, postuler parmi vous. Je me nomme Edmond Nocle. Certains parmi vous m'ont déjà rencontré, d'autres en auront peut-être entendu parler. Je suis un humain banal, je n'ai prêté allégeance en aucun dieu. Néanmoins, je suis un excellent magicien, et je sais me battre! J'ai en effet passé une partie de ma vie au milieu des Roublards, et j'ai donc... "imité" leur style de combat. Je me suis procuré un pistolet (capable de lancer aussi bien des ustensiles magiques que de bêtes cartes à jouer) et des bombes. Et je pense être aussi fort qu'un de vos combattants de cercle 67.

Vous vous demanderez peut-être pourquoi je veux venir parmi vous. La raison est bien simple. J'ai besoin en ce jour d'une famille, de personnes sur qui je pourrais compter et avec qui je serais bien. Et je suis entièrement capable de me battre, je peux vous assurer que vous ne serez pas déçus!

En espérant que vous répondrez,
Edmond Nocle."

"Ah HA!"

Brandissant l'objet de sa convoitise à bout de bras (on entendrait presque un djingueule qui ferait "Tin dindindiiiiin~" tiens.), il avait reconnu là une candidature, objet précieux et rare qui augmente magiquement le potentiel de population dans un lieu mystérieux nommé "dortoir à apprentis".

Yara furetait du côté du panneau des candidatures avec une idée bien précise en tête: repeupler le-dit dortoir à des fins lubriques scientifiques bien sûr.
Etudier à loisir l'anatomie d'autrui du regard, ce genre de choses, tout à fait innocemment...
Quoi de plus triste qu'être le seul à partager une chambre communautaire, je vous le demande.

Derrière son masque, ses yeux bicolores parcouraient le parchemin rapidement. Un magicien? voilà qui est intéressant.
Au fur et à mesure de sa lecture, il remarqua que ce que ce "Edmond" avait écrit ressemblait curieusement à ses propres motivations.
De plus en plus intéressant.

Il traça un POUR joliment écrit, suivi d'un "Vous êtes libre?" à la suite des réponses de Vava et Chymes.

Apprenti apprenti apprenti~

Répondre au candidatures. Un truc qu'elle était sensée faire, mais vu ses fréquences d'apparition à la taverne, ce n'est pas vraiment ce qu'elle faisait. Pour une fois, elle avait décidé de faire son devoir de milicienne, et s'était aventurée dans la taverne. Apparemment vide. Cependant, rien qu'à l'approche, sans même avoir ouvert la fenêtre sur le toit (oui c't'un velux, mais c't'une fenêtre, TGCM) elle sentait des zondes. Du genre qui font peur. Foutu fenêtre qui ne pu réprimer un grincement. Entrant en tentant d'être discrète, elle, s'accroupit sur une poutre et regarda du coté du pannal.
Yara. Le fou dangereux paydhobère zieuteur qui voulait lui faire boire des trucs douteux.
Essayant de se faire la plus discrète possible, elle s'accrocha à la poutre et se laissa tomber. Ou plutôt, glissa et s'écrasa sur une chaise, lui brisant deux pieds. Herm. Pour la discrétion, c'était raté. Essayant de se relever dignement, elle avança en boitant un peu vers le tableau, sans regarder Yara. Sa lecture fut cependant troublée par le regard de Yara sur elle, et elle se sentait de plus en plus mal à l'aise. Au lieu de son écriture bouclée et claire, elle gribouilla en tremblant un "POUR" et dans le même temps, se retourna vers Yara, sans vraiment regarder si son vote était lisible.
-S-s-s-s... Bonjour ! Prononcer ses mots la fit trembler de la tête aux pieds au moins autant que de regarder le visage masque de Yara.

Il était de ces nuits où la pierre était trop froide, où la mousse ne faisait qu'un maigre oreiller peu confortable pour des oreilles effilées, ornées d'anneaux, de petites décorations multiples, tant que celles-ci pouvaient percer la chair. Et bien sûr, d'un boulon, à l'origine obscure. Il ne voulait pas se souvenir que celui ci Leur permettaient de visser sa tête n'importe où pour le punir. Il ne voulait pas se souvenir de la ligne de lumière entre les planches de bois, par laquelle il voyait passer les ombres à l'odeur chimique, qui contrastait tant avec celle d'hêtre et d'êtres qui l'entouraient.
En grandissant, il avait eu moins d'espace, et moins de compagnons, et plus de souffrances dans les viscères. Mais Spirale n'avait jamais vraiment grandi, de toute manière, et sa peau restait toujours aussi pâle, ses os comme du verre et sa tête toujours pleine de ce qu'on ne peut enlever aux enfants. C'était merveilleux, parce que la saleté lui donnait de la couleur, et le sucre une odeur.

Il ouvrait ses yeux acides sur un lieu qu'il avait un peu de mal à reconnaître en serrant contre lui la wadio rafistolée dont il avait mis des jours à retrouver chaque pièces dans sa maison de Brakmar. Le blason de la Milice ne ressemblait qu'à une carcasse de feraille, car il avait beaucoup aimé l'occupation de taper dessus avec un marteau, de le mâcher, de l'oublier. Poussant la porte dans un crissement de dents similaire au grincement de la porte, la tête d'étoile se traîna en s'appuyant sur les murs, car ses jambes étaient faibles, tout près du comptoir. Il cherchait des yeux une figure qu'il aurait pu reconnaître. Mais ne trouvait personne. Et même s'il y avait eu là quelques anciens de ses amis passés, il n'aurait eu l'esprit à les identifier. De sa bouche hébétée et bordée de sucre collant qui dégoulinait parfois sur son menton ne sortait que des petits couinement affirmatifs dès que quelqu'un à l'autre bout de la pièce disait quelque chose ou faisait un bruit qu'il aimait. Il écrasa du pouce un cancrelat sur la feuille de candidature qu'il avait sous le nez, ce qui aurait pu s'apparenter a un "oui", si il n'avait pas écrit avec le jus verdâtre "ZI". Il se hissa sur un tabouret près du comptoir et offrit à la salle sa petite figure souriante, de ce sourire trop insouciant et trop douloureux aux yeux, reflétant la misère de son actuelle situation comme son état délabré, semblable à une couche de souillure pourrait recouvrir la candeur orpheline qui tentait de faire bouger le corps de Spirale.

Un fantôme qui laissa s'éclater sur les murs son rire comme des cristaux d'enfance défoncés.

(juste en passant >> http://listen.grooveshark.com/#/s/Spiracle/1TyXKS?src=5)

Edmond Nocle.
Ce nom ne lui disait rien du tout.
Debout devant le panneau des candidatures, il retournait et retournait ce nom dans sa tête.
Non, ce nom ne lui rappelait rien. Puis soudain son regard s'illumina.
Il lui semblait qu'Eto avait prononcé son nom, quand elle lui avait fait un compte rendu de son donjon de la reine des larves avec quelques miliciens et des inconnus.
Il l'avait d'ailleurs sermonné sur le fait de ne pas parler aux inconnus.
Dans le doute, il écrivit un POUR.
Il serait toujours temps de demander à la xelorette si c'était bien de cet homme dont elle lui avait parler et de venir changer sa réponse si ce n'était pas le cas.