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 Souvenirs d'un voyage en Amakna

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AuteurMessage
Tim Timore
Milicien
Tim Timore


Messages : 57
Age : Vingt ans
Conjoint (e) : Eltharos o///o"
Localisation : Taverne de la Milice, Astrub
Métiers : Moissonneur de blé bien doré, sonnant et trébuchant
Humeur : Déçue

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MessageSujet: Souvenirs d'un voyage en Amakna   Souvenirs d'un voyage en Amakna Icon_minitimeSam 17 Juil - 11:16

[C'est loin d'être le plus urgent des rp que j'ai commencé à écrire dans mon exil breton, mais il s'avère que c'est le premier que j'ai fini. Je vous transcrit donc tout ça depuis le café internet. Ces explications viennent à l'origine d'un dessin, qui m'a donné envie de parler de ce que faisait Tim, avant même qu'Appah ne rentre à la Milice. Je vous le montrerais quand j'aurai un scanner sous la main... Je pense que vous le déduirez assez logiquement, mais comme ce n'est précisé nulle part, Tim connait Jeth depuis à peu près aussi longtemps qu'il connait Pierre-Edward. Niveau censure, il est question de façon assez floue de sexualité, mais je pense pas que ça mérite un avertissement. Je veux dire, pas de scènes explicites, juste le thème général. Pour la tonalité plutôt glauque, je pense que vous avez l'habitude. Ca n'appelle pas vraiment de réponse, mais si jamais une personne concernée se sent inspirée, ou que quelqu'un veut frapper à la porte de la chambre... Je suis toujours ravie.]

Allongé sur son matelas, il soulevait à bout de bras la peau puante, couverte de laine. Des petits bouts de chair pendouillaient du cuir mal tanné. Il n'avait jamais été doué pour ces trucs là. Le trophé le dégoûtait vaguement. Il se demandait s'il devait la garder dans sa collection. Ca s'entasserait bien avec les couvertures, tentures et tissus accumulés. Mais ça restait une peau de bouftou, cet animal répugnant. D'un autre côté, il était plutôt fier de son exploit. Il l'avait gardée en souvenir de sa première exploration réussie du donjon des bouftous. Il ne s'était pas fait courser, il ne s'était pas fait encorner. Un jour faste, pour sûr.
Avec un peu de paille bourrée dedans et quelques coutures, ça ferait même une bonne boufballe. Il donna un faible coup de pied dans la toison moutonneuse, gêné par sa position peu sportive. Elle retomba mollement sur sa figure. L'odorat agressé par le musc animal, les yeux plongés dans la pénombre, Tim eut une association d'idées malheureuse.

Bouftous. Boufbowl. Halouine. Coups de pieds. Pierre-Edward de la Griotte.

Il détestait ce souvenir et tenta de penser à autre chose, mais d'autres s'y agglomérèrent, pour former une sorte de bulle rêveuse, dont il ne songea plus à sortir, même pour retirer la peau qui manquait de l'asphyxier.

Un voyage à travers les campagnes d'Amakna... Suivre la route jusqu'à sa fin, puis continuer à travers champs, toujours plus loin, vers l'horizon... Que fuyait-il? Que cherchait-il?

Tim ressassait ses souvenir de cette période évanouie. L'aventure à reculons. Cela avait duré quoi, deux mois, peut être trois? Pas grand chose au regard de vingt années d'existence. Quelques semaines de souffrance supplémentaire, où il avait joué le Sacrieur malgré lui, combattant des monstres qui ne lui avaient rien fait -mais ne tardaient pas à se rattraper-, usant ses bottes jusqu'à la trame, trébuchant sous le poids des bagages dans le sillage d'un Iop autoritaire et arrogant.

Alors, pourquoi cette nostalgie? Pourquoi regrettait-il la lumière et la rosée qui trempait ses vêtements au petit jour, la surprise d'un paysage au détour d'un tournant, l'inconfort et l'incertitude de savoir où l'on sera, demain? Et cette présence, à ses côtés, grâce à laquelle il n'était jamais seul?
Ils avaient sillonné les terres d'Amakna et d'Incarnam... Puis il y avait eu ce voyage vers Bonta, qui devait sceller leur séparation. La ville blanche n'avait pour lui qu'une amère connotation. Il avait promis au Iop de devenir Bontarien... La bonne blague! Qu'irait faire chez ces fiers guerriers un déchet tel que lui? Il détestait Brâkmar, mais par dessus tout il onissait la guerre. Jamais il ne prendrait parti pour l'une ou l'autre des cités. Un nouveau drame l'avait suffisament échaudé -il évitait le mot traumatisme- pour qu'il échappe enfin à l'emprise du Iop, et il était retourné vers ses racines, plein Sud, dans les landes arides et hostiles qui l'avaient vu naître. La haine le guidait. Il s'était fait serment de changer, de ne plus subir, de ne plus se soumettre. Devenir fort et aggresser avant de se faire mordre... L'attitude d'Appah, la seule qu'il connaissait en dehors de la sienne. Il l'avait pourtant longtemps refusée, préférant encaisser que lui ressembler... Il était prêt à tirer un trait sur son passé, effacer l'être pleurnichard et lâche, faire disparaitre tout ça sous un sang qui ne serait pas le sien.

Mais ce n'était pas sa cible, son frère, qu'il avait retrouvé: un Iop aux cheveux bordeaux, qui ne l'avait même pas reconnu. Qui errait d'auberge en taverne dans cette cité ennemie où il n'avait rien à faire. A sa recherche. Son air de supériorité n'avait plus fait long feu. Pierre-Edward avait changé, tout comme lui. Et finalement, il n'avait pas eu la volonté de le détruire comme il l'aurait désiré. Après ça, ils ne s'étaient plus revus qu'une seule fois, lorsque Pierre-Edwards était parti, poursuivre son voyage dans des pays lointains, en compagnie de Jeth. Sans lui.

Peut être aurait-il préféré que rien ne change. Qu'ils continuent à se blesser mutuellement... Si Grigri entendait ça, il ricanerait et affirmerait certainement d'un ton méprisant: "Tu vois, que tu aimes la douleur? Sinon, pourquoi reviens-tu à chaque fois?"

Pourquoi?... Pourquoi regrettait-il une personne qui l'avait traité en moins que rien? Il savait qu'il incarnait tout ce que Pierre-Edward avait en horreur. La peur de souffrir chez un Sacrieur, la lâcheté, la ruse et le mensonge... Le Iop ne savait même pas, alors, ce que la douleur signifiait. Et quand il l'avait découvert, à l'occasion d'Halouine, ça n'avait en rien pacifié leurs rapports. Il ne l'écoutait pas lorsqu'il disait avoir mal, ou détester quelque chose. Tim se vengeait en raillant le Iop en public, profitant de son manque de vivacité intellectuelle pour l'humilier à sa façon. Pierre-Edward saisissait la première occasion de lui faire regretter ses paroles, et aucune excuse, promesse ou supplication ne l'empêchait de tabasser son souffre-douleur.

Tim ne comprenait plus. A l'époque, il savait pourquoi, même s'il s'enfuyait, même s'il avait envie de mourir ou de le tuer, il finissait toujours par revenir. C'était très simple. Il préférait endurer ça plutôt qu'être seul. Et puis, il croyait ne rien mériter de mieux. Se faire brutaliser, se faire utiliser, il n'avait connu que ça, et Pierre-Edward avait simplement pris la place d'Appah. Avoir quelqu'un à haïr, ça détournait son esprit de son propre vide... C'était plus fort que lui, et tant pis si les autres appellaient ça masochisme.
Aujourd'hui, il avait des amis. Une guilde qui disait être comme une famille. Des gens sur qui compter. Il n'y avait plus aucune raison pour que ce sale type lui manque. Pas après ce qu'il lui avait fait. Pas après... ça.

Alors, pourquoi?

Lethis lui avait révélé ce que tout le monde sauf lui savait depuis longtemps: Pierre-Edward et Jeth sortaient ensemble. La nouvelle avait été un coup dur pour le jeune Sacrieur.
Pourtant, ça semblait logique. Du point de vue de Jeth, Pierre-Edward faisait sans doute un compagnon idéal. Il n'aurait pas cru, en revanche, que le Iop assumerait publiquement une relation homosexuelle. Il semblait mépriser les gayzes, puisque son insulte préférée à son égard était "tarlouze". C'était plutôt une bonne nouvelle, dans le fond. Signe qu'il avait évolué.

Un reniflement à peine perceptible émergea de sous la peau de bouftou.

C'était tellement injuste. Tellement. Injuste. La jalousie dévorait le Sacrieur au point de le faire suffoquer -conjuguée à l'odeur acide du tannage, sans doute. Lorsque le souffle voulut bien sortir de ses bronches, ce fut sous forme de sanglots rauques, précipités, étranglés. On n'aurait pas dit qu'il pleurait. Le spectacle de la peau de bouftou se soulevant par à coups était vaguement grotesque.

Il avait tout donné à Pierre-Edward. Tout, même ce à quoi Appah n'avait jamais touché. Le peu d'honneur qu'il lui restait, il lui avait sacrifié. Il avait versé son sang, enduré les coups, toute cette violence, et Sacrieur savait qu'il détestait ça. Il ne demandait pas grand chose. Juste un peu d'affection. Il lui avait dit. Je ferai ce que tu voudras, mais par pitié, ne me rejette pas...
Le Iop préférait croire qu'il faisait semblant, qu'il mentait, qu'il aimait ça. Forcément. Ca excusait tous les sévices, non? C'était tellement plus facile. Qui fuyait, qui était lâche, entre eux deux?

Au fond, Pierre-Edward savait. Lorsqu'ils s'étaient retrouvés à Brâkmar, sans que Tim sache comment, le Iop semblait avoir appris le sens de la souffrance et de l'humiliation. Il avait changé. Il ne lui ferait plus de mal. Il ne le toucherait plus jamais. Ils avaient échangé des excuses, et le Sacrieur avait imaginé que, peut être l'amitié... Il n'avait pas compris, sur le coup. Ce qu'était la distance. Que c'étaient des adieux.

Trop occupé pour rendre visite. Comme toujours, il n'avait pas été là quand on avait besoin de lui. Et Jeth, lui, avait dû se trouver là. Un vrai Sacrieur, à moitié taré, qui aimait la douleur, sans chichis. Pas de pleurs, pas de plaintes, pas de prise de tête moral. Ca devait vraiment être parfait pour le nouveau Pierre-Edward. Pourquoi avait-il changé?
Il aurait dû le préférer, lui. Il était sadique, non? Il aurait dû le préférer, puisqu'il n'était pas consentant. Et que, malgré tout, il était prêt à tomber aussi bas... C'était ça que cela voulait dire, s'il revenait, qu'il l'admette ou non...
Jeth, qu'avait-il dû sacrifier? La souffrance lui était plaisir. Il n'avait pas à aller contre sa nature. Et pourtant, Pierre-Edward -Grigri, gémit le Sacrieur à voix haute, le surnom faisant redoubler ses sanglots- Pierre-Edward lui avait offert ce dont Tim n'avait pas reçu une miette. Ils sortaient ensemble. Il s'occupait du rouquin. Il prenait soin de lui. Il le traitait gentillement, avec tendresse.
C'était tellement injuste.

Mais ça n'avait rien de surprenant. Il se trouvait lui même répugnant. Cette attitude de victime perpétuelle, cette hypocrisie... Non seulement il refusait systématiquement, mais en plus il finissait toujours par s'écraser. Jeth... Jeth était bizarre, mais franc, et infiniement moins compliqué pour un Iop tel que Pierre-Edward.

Tim déglutit, toujours immobile, couché sur le dos, tentant de rassembler ses esprits. D'où venait cette jalousie déplacée? Il n'avait pas cessé de le répéter, "je ne suis pas maso, je ne suis pas une tarlouze!". Bien peu crédible, même à ses propres oreilles. Aujourd'hui, il avait des amis -il se le répétait pour se rassurer- et la peur de la solitude n'expliquait pas sa réaction. Est-ce qu'il était amoureux? Est-ce qu'il voulait...?

Non, il n'était pas gayze. Il ne se sentait pas particulièrement attiré par les hommes, et l'idée de coucher avec l'un d'entre eux suffisait à lui nouer les entrailles.
Lui -il ricana en entendant ses pensées- il voulait l'Amour. Avec un grand A. Il n'en avait jamais été conscient, jusqu'à récemment... Voir Lethis et Taäh ensemble. Apprendre pour Pierre-Edward. Le départ de Barbomb. L'amitié, ça ne suffisait pas. Il aurait voulu être la chose la plus importante au monde, aux yeux de quelqu'un. Homme, femme, souffrance et sexualité, quelle importance? Il avait déjà tant perdu.

Taäh et Lethis étaient les seuls amis qui lui restaient. Mais contempler leur bonheur innaccessible était trop douloureux. Leur intimité, leur complicité, à côté, son amitié fragile lui semblait sans saveur. Il avait déjà bien plus qu'il ne méritait, il le savait... Mais ça n'éteignait pas le manque, dans son coeur. Ce vide si grand qui lui donnait la nausée.
Il pourrait s'abaisser plus bas que terre, ça ne ferait naître ni désir ni amour. Tous ses sacrifices, toute sa volonté ne pouvaient rien changer. C'était toute la différence entre un Jeth, un Lethis, et lui. Une distance qui ne pouvait être comblée.

La silhouette remua pour s'enfouir sous les couches multicolores qui décoraient le lit. Le carré de cuir laineux glissait doucement jusqu'au sol comme une pétale fanée.
"Y a-t-il des êtres indignes d'être aimés?" murmura une petite voix, sous les couvertures.

Il savait pourquoi il regrettait ce voyage. Pourquoi il aurait tant aimé repartir, découvrir de nouvelles contrées. Auprès de Pierre-Edward.

Parce que le Iop n'avait que lui.

Aussi conflictuelle que soit leur relation, ils étaient seuls au monde, effrayés par la solitude, persuadés de ne mériter l'amitié de personnes respectables. Pierre-Edward pouvait le maltraiter, il avait besoin de lui. Voilà pourquoi le Bontarien s'était lancé à sa poursuite, avait traversé le pays, jusqu'à s'aventurer dans la cité haïe. Juste pour le retrouver.

Pierre-Edward aussi était prêt à faire des sacrifices pour lui. Il l'avait compris... mais trop tard.

Jeth le lui avait volé.
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