Le mystérieux inconnu tire une nouvelle bouffée de sa longue pipe. Il est assis à une table du fond de la taverne, dans un coin d'ombre. On ne peut discerner son visage, caché sous une large capuche, aussi sombre que le reste du vêtement, une cape ample qui ne laisse rien deviner du personnage.
Le sadidas dévisage longuement l'homme à la capuche, d'un air amusé. Il s'est assis volontairement à une table voisine, et se penche régulièrement en avant pour apercevoir son visage, lui faisant un clin d'oeil par la même occasion, et plongeant l'homme dans un profond embarras.
« C'est quand même drôle ça. Au fond de toutes les tavernes, il y a un inconnu avec une capuche qui fume la pipe. »
Nerwe se replonge dans la lecture des parchemins qu'il avait étalé sur la table devant lui, à côté d'une grande coupe de fruits dans laquelle il puise sans retenue.
« Elle est vraiment étrange cette taverne. Les patrons se vantent d'être des assassins, des brutes sanguinaires. Et pourtant ils semblent très versés dans l'art de l'écriture, à en juger par le nombre de parchemins qui tapissent les murs... Il est vrai que la plume peut être une arme redoutable mais elle va rarement de pair avec l'épée. En général c'est un signe qui ne trompe pas. Ces taverniers sont sans aucun doute des gens de grande valeur »
Nerwe se lève et va faire un tour du côté du panneau d'affichage. Il examine plusieurs parchemins en se grattant machinalement la barbe.
« Si je comprends bien, cette taverne abrite une milice. Mais d'après ce que je lis ici, c'est une bande de joyeux tueurs qui s'amusent autant qu'ils trucident... Et ça a l'air de leur rapporter pas mal de kamas. »
Il retourne s'assoir près de sa précieuse coupe de fruits et croque à belles dents dans une pomme juteuse avant d'ouvrir sa bourse sur la table. Il compte et recompte à nouveau ses kamas, ce qui lui prend finalement assez peu de temps.
Après un long soupir, il observe la grande salle et voit passer devant lui une crâ aux cheveux roses.
Elle marche d'un pas décidé vers la sortie et n'a pas l'air commode. Il la jauge rapidement et compare la taille des bras de la jeune fille avec celle de ses propres jambes. Il pousse à nouveau un profond soupir avant de se lever pour marcher vers un grand miroir au fond de la pièce. Il ne supporte plus cette odeur de bouftou. Un de ces jours, il se fera descendre par un chasseur qui l'aura confondu avec une de ces bestioles.
Nerwe retourne s'assoir à sa table et se prend la tignasse dans les mains. Il faut qu'il fasse quelque chose.
« Je dois me mettre au tra... au bou... au bou... »
Il a toujours eu du mal à prononcer ce mot. Mais c'est décidé, il va reprendre l'entraînement pour se montrer digne d'entrer dans la milice.
Fier d'avoir pris cette décision, il se sent enfin libéré et s'écroule, profondément endormi, le nez dans la coupe de fruits...