[Pris à l'essai, accepté] Candidature de Shus

Le claquement assourdissant de la pluie couvrait jusqu'aux cris de colère du colporteur qui cognait et suait contre le bois de sa charrette. Le véhicule s'était embourbé, ses larges roues grinçaient, enfoncées jusqu'à l'essieu. L'homme forçait de tout son poids, son visage ravagé par les trombes d'eau qui l'empêchaient certainement de bien respirer, le crin de ses vêtements mélangé à la fange qui s'accumulait sous ses pieds. A l'avant, la dragodinde crachait, soufflait sur des tons rocailleux, la gorge enserrée du harnais qui la maintenait attachée à son attelage. Une salive épaisse s'écoulait sur son poitrail, et ses minces ailles battaient faiblement l'air noyé avec l'espoir pitoyable de l'aider à se dégager.
Shus les observa un moment, l'homme, sa bête et sa charrette, tête penchée, oubliant, quelques secondes durant, l'eau qui s'écoulait dans le creux de ses yeux blancs. Le jus amer qui suintait entre ses dents le ramena bien vite à la réalité. D'un geste, le Iop s'essuya le visage. Ses mèches rousses collaient à sa peau. Trempé jusqu'aux os, il avait l'impression que sa chair absorbait l'humidité comme une éponge. Il se sentait lourd, de fatigue et d'une lassitude plus profonde. Il n'avait plus croisé le moindre village depuis la veille, et l'eau n'avait cessé de tomber, du matin jusqu'au soir. Le maigre abri que lui offrait l'arbre décharné sous lequel il s'était arrêté était à présent tellement imbibé que les gouttes qui en tombaient semblaient à Shus plus violentes et plus froides.

Un rugissement épuisé, un bruit de succion écœurant, et le colporteur parvint enfin à pousser son véhicule hors du trou boueux dans lequel il s'était enfoncé. L'homme n'attendit pas plus longtemps, et sauta sur l'attelage. Son fouet claqua, et la dragodinde fit rouler ses muscles fatigués pour traîner sa charge jusqu'à destination. Shus les suivit des yeux. A nouveau, le suc emplit sa bouche, le forçant à se reprendre. Il se remit à mâcher, lentement. Mais même ses herbes euphorisantes ne suffisaient plus à faire taire la faim et l'épuisement.
Résolu, le Iop remonta la hanse de son sac sur son épaule émaciée, puis reprit sa route. Ses sandales ouvertes recueillirent aussitôt un mélange aqueux de terre et de racines, et Shus courba le dos dans l'espoir de ressentir moins violemment le fracas de la pluie. Sans indication aucune, l'alchimiste tâcha de suivre le chemin mal entretenu par lequel était venu le colporteur et son attelage. L'air saturé d'humidité portait plus fort encore le parfum des broussailles, et la clameur incessante de l'eau frappant le sol brouillait un peu plus les sens du Iop qui avait espéré pouvoir apercevoir quelque habitation à la sortie du bosquet.
Sa vue, cependant, restait obstruée par le rideau de pluie, et c'est avec surprise qu'il mit finalement le pied sur une terre plus ferme. Une taverne au bois sombre se dressait sur un terrain aplani. Un abri dérisoire protégeait cinq dragodindes gonflées de fatigue et serrées les unes contre les autres. Les bêtes lui jetèrent un coup d'œil morne avant de reposer leurs larges têtes sur la paille délavée. Shus tapota le museau de la plus proche - qui ne lui répondit que par un meuglement éreinté - puis se dirigea vers la porte de l'établissement.
Un sourire ravi étira ses lèvres lorsqu'une chaleur bienveillante vint se coller à sa peau détrempée. Le pantalon large qui lui servait de vêtement exclusif se mit à déverser son trop plein d'eau, au même rythme que ses cheveux, sur les lattes de la taverne. Le Iop tâcha de chasser un maximum d'eau en frottant ses bras et le tissu qui le couvrait avant de s'avancer jusqu'à une table libre. Il se laissa tomber sur une chaise avec un grognement bovin. Ses yeux le picotaient ; la chaleur du brasier qui brûlait dans l'âtre était aussi douloureuse à sa vue que le murmure continu des quelques personnes présentes l'étaient à ses oreilles.

- Mph...mboire..., gémit l'alchimiste à voix basse.

Ses mains fouillèrent lentement ses poches avec la certitude évidente de n'y rien trouver. Et en effet, ses doigts ne rencontrèrent pas la moindre pièce. Shus releva difficilement le menton de sur la table pour laisser glisser son regard sur toute la salle. Il n'avait plus qu'à espérer qu'on ne le chasse pas en s'apercevant qu'il ne pouvait se payer la moindre collation.
Ses yeux pâles cessèrent leur mouvement lorsqu'ils rencontrèrent un parchemin, près de l'entrée, portant la marque de l'auberge. Quelques secondes de déchiffrage firent naître une lueur nouvelle dans le regard épuisé du Iop. "Le Poney qui Tousse". Trois jours déjà que l'alchimiste sillonnait les alentours pour trouver cette taverne. Les indications qu'on lui avait donné étaient, certes, un peu foireuses, mais Shus n'avait jamais désespéré. Et voilà que son entêtement portait ses fruits.

Un soupir satisfait lui échappa ; il ne serait pas obligé d'aller se traîner jusqu'à Jeth, au bord de l'agonie, pour lui avouer piteusement qu'il n'avait pas trouvé le lieu de candidature de sa guilde. L'herbe qu'il mâchait toujours sembla soudain reprendre un peu de ses pouvoirs euphorisants, et le Iop parvint à parfaitement se redresser sur sa chaise. Il survola à nouveau la grande pièce du regard, mais n'aperçut aucun visage qu'il connaissait. Il avait pourtant espéré retrouver Appah ici, mais le Sacrieur était sans doute déjà reparti pour Brâkmar... Personne ne lui était encore tombé dessus pour lui ordonner sèchement d'acheter à boire ou de filer d'ici, et Shus remercia mentalement la faculté qu'il avait d'inspirer la plus profonde indifférence aux gens qu'il croisait. Quelques soulards de passage dépensaient leur misère dans l'alcool. Certains paraissaient être des habitués, le Iop le savait pour avoir trop souvent observé, faute de ne pouvoir boire, ce qui se déroulait autour de lui dans les tavernes.
Un moment passa avant que l'alchimiste ne commence enfin à se questionner ; comment allait-il pouvoir demander à entrer dans la "Milice Ecarlate" ? Devait-il s'adresser au tavernier ? Ou peut-être à l'une de ces personnes qui semblaient si à l'aise entre ces murs ? Le jus qui coulait dans sa gorge mit très vite fin à ces réflexions trop poussées à son goût, et c'est avec nonchalance et bonne humeur que Shus quitta sa table pour faire le tour de la grande salle, se grattant le ventre là où son tatouage de la marque de Iop croisait l'anneau doré qui perçait son bas ventre. Un panneau d'affichage se dressait contre un mur. Il s'en approcha. Son cou souple se pencha, comme toujours, sur son épaule alors qu'il entreprenait de déchiffrer les parchemins accrochés.

Un souvenir proche refit surface : la candidature. Shus laissa échapper un gémissement apitoyé. Bien sûr, Jeth le lui avait dit lui-même. Il fallait déposer une lettre de candidature sur le panneau d'affichage. Une lettre...
Le Iop se trémoussa d'un pied sur l'autre, visiblement gêné. Il avait appris à écrire, évidemment, bien que l'avenir certain de paysan qui l'attendait à l'époque ne demandât pas grandes connaissances en la matière. Mais depuis combien de temps... ? Savait-il seulement encore épeler son nom ?
Le Iop grogna finalement en sa massant la nuque. Il devait bien y avoir un autre moyen de se présenter que par le biais d'un bout de papier. Il fouilla sa mémoire avec difficulté, chassa les recettes innombrables qui lui encombraient l'esprit, pour enfin trouver l'évènement qu'il recherchait : Jeth lui avait dit n'avoir pas donné sa candidature par écris. Monté sur une table qu'il avait dit. Shus se retourna et observa la table qu'il venait de quitter en fronçant les sourcils. Pas question d'aller mettre ses sandales boueuses sur la table du pauvre aubergiste, il y avait sûrement un meilleur moyen.
Haussant enfin les épaules, le Iop se dirigea vers le bar et s'installa sur un tabouret. Un Ecaflip se tenait derrière le bar, discutant avec l'un de ses clients. Shus n'osa pas l'interrompre et attendit simplement que le barman fasse mine de s'intéresser à lui pour lui poser ses questions.

Shus avait parfaitement conscience de l'indiscrétion dont il faisait preuve ; indiscrétion qui ne faisait pourtant pas partie de ses habitudes, il n'avait pas été élevé comme ça ! Cependant, il ne put s'empêcher de tendre l'oreille au monologue d'ivrogne que débitait son voisin sur un ton monocorde. Le Iop ne comprenait pas les problèmes exposés ; la situation semblait en effet un peu trop complexe pour qu'il se permette de former un jugement personnel. Aussi son attention retomba-t-elle rapidement sur la boisson que l'homme rechignait à avaler, aux prises qu'il se trouvait avec son existence injuste.
Le fumet de l'alcool, acre et doux à la fois, emplissait le cerveau de l'alchimiste d'une incertitude bafouillante, lui faisant oublier une fois de plus la pâte jaunâtre coincée entre ses dents. Le froid mordant de l'extérieur ne l'avait pas laissé frigorifié et maladif, tout au plus son organisme endurci par la "poudre" avait-il ressentit cette pluie glacée comme une agression futile. La chaleur embuée qui régnait dans l'auberge avait suffit à chasser de son esprit tout souvenir de l'averse. Et pourtant le besoin de sentir la bière réchauffer ses entrailles se faisait cruellement sentir.

L'Ecaflip se détourna soudain de son rôle de confident pour venir se planter devant Shus, en bon tavernier qu'il était. Le Iop sursauta et s'arracha enfin à la contemplation de l'alcool pour tourner la tête vers son interlocuteur, rompant ainsi le filet de salive qui le reliait au bois du bar. Il cligna des yeux à plusieurs reprises afin d'assimiler la question qui lui était posée.

- Une... pinte ? baragouina l'alchimiste.

Se reprenant enfin, il put se rendre compte du spectacle affligeant qu'il offrait, sa longue silhouette efflanquée dégoulinant sur le bar. Une piètre allure pour un Iop. Mais ce qui insuffla une nouvelle expression de confusion au visage de l'achimiste fut le souvenir de ses poches désespérément vides. Si l'Ecaflip l'apprenait, le jetterait-il dehors ? Puis il se rappela la véritable raison de sa présence ici.
Tâchant de reprendre contenance, Shus se redressa sur son tabouret en se grattant la nuque. Il observa le tavernier un instant, hésitant, avant de répondre :

- Beuh... Non en fait. On venait pour poser une candidature (il désigna le tableau d'affichage), meuon préférait parler à un membre de la Milice. Parce qu'on écrit pas très bien alors bon... Ce s'rait bête si les gens comprenaient rien de ce qu'on dit quoi.

Il hocha la tête pour appuyer ses excuses, et essuya négligemment du pouce le liquide clair qui s'était échappé au coin de ses lèvres. Son haleine ensucrée aurait pu, à n'en pas douter, rendre joyeux le trool le plus rétif. Aussi fouilla-t-il à nouveau sans grande conviction dans ses poches, soucieux de remplacer au plus vite son parfum d'herbes douceâtre par des vapeurs d'alcool.

- C'est Jeth qui nous a parlé de la Milice, jugea-t-il bon de préciser avant d'abandonner ses fouilles.

Le Iop tendit le cou dans la direction que lui avait indiqué le tavernier. Une petite table, dans l'ombre de la cheminée, à peine éclairée par une bougie à la flamme frémissante. Sans rien ajouter, il adressa un dernier regard perplexe à l'Ecaflip, prit la chope qu'on lui proposait, et se dirigea vers le coin sombre. Shus s'affala sur la chaise avec un soupir, avala la chique qu'il s'échinait encore à mâcher, puis engloutit une première gorgée de bière. La boisson raviva aussitôt son sourire. Il était chouette ce tavernier ! Lui offrir sa première bière...

L'alchimiste reprit bien vite un visage impassible. Il allait être jugé ? Par d'autres membres de cette organisation ? Une moue réprobatrice prit place sur ses traits ; il n'avait pas pris la peine de s'inventer un discours pour répondre aux questions qui lui seraient certainement posées, trop compliqué, et pas très sincère. L'Ecaflip avait semblé douter de son réel intérêt pour la Milice. Avait-il donc l'air de quelqu'un qui prendrait la peine de venir se perdre sous cette averse pour rien ? Bon... il était effectivement plus que rare qu'on le prenne au sérieux, dans son métier, dans sa famille, n'importe où. Pourtant il ne pouvait pas se laisser abattre dès maintenant. Il devait intégrer la Milice. Cela faisait bien quelques années qu'il n'avait pas sentit ses tripes se nouer à l'idée de ne pas atteindre son but. Après tout, ça faisait bien aussi plusieurs années qu'il ne s'était pas donné un but...

Résolu, le Iop avala une seconde gorgée de bière en attendant l'apparition de celui ou ceux qui, d'après le tavernier, viendrait lui poser quelques questions.

Le liquide doré s'amenuisait tristement, laissant peu à peu apparaître le fond de la choppe. Shus passa sa langue sur ses lèvres pour tenter de garder le goût délicieux de l'alcool le plus longtemps possible. Il ne lui restait tout au plus qu'une gorgée lorsqu'un pas léger frôla le parquet dans sa direction. Le Iop releva les yeux, et sans détailler un instant la jeune femme, ceux-ci se fixèrent sur son ventre rond et plein de vie. Figé, il ne put qu'observer cette courbe s'avancer vers lui pour se poser enfin sur le siège qui lui faisait face. La femme entama un geste, posant devant elle un parchemin, une plume soyeuse au bout de la main.
Shus ne quitta des yeux le ventre de la femme que lorsqu'il sentit le regard perçant de celle-ci peser sur lui. Il se redressa donc pour la fixer, détailla rapidement la feuille et la plume, puis reporta son attention sur elle.

Les paroles qu'elle lui adressa ne laissaient aucun doute quant à sa condition de membre de la Milice, mais...

"Motivation... vie...'stoire..." tenta de s'énumérer mentalement le Iop.

Trop de questions d'un coup. Répondre. Quoi en premier ? Parler de lui ? Movitation ?
Shus dodelina mollement de la tête, comme en proie à une lourde réflexion. Il secoua finalement le cou, émettant un craquement disgracieux. Cette femme voulait tout simplement savoir ce qui le poussait à s'engager, et ce qu'il pourrait apporter à leur groupe, très certainement...

- B'jour, répartit-il avec quelque peu de retard. On s'appelle Shus. Shus'Anlsou.

La jeune femme enceinte semblait prête à noter toutes les informations qui lui sembleraient intéressantes. Le Iop l'observa à nouveau. Quelque chose lui susurrait au creux de l'oreille qu'il valait mieux aller droit au but, dans son propre intérêt. Tant mieux. Ce n'était pas vraiment son genre de se perdre en parlotte inutile. Il se gratta négligemment le front avant de reprendre :

- N'a vingt-sept ans. On n'est pas très fort pour un Iop, meuh en équipe on est plutôt utile on pense. On travaille beaucoup nos sorts de soutien. On n'est Brâkmarien depuis peu, alors on fait pas encore des très grosses missions et tout, meuh on essaye de s'améliorer pour le combat. (il forma une pause de quelques secondes, cligna des yeux à deux reprises avant de reprendre) On pense pas vous être très utile pour le combat au début. Pas tant qu'on sera pas très fort comme ça. On le sait bien. Par contre... Beuh en fait on est alchimiste, c'est un peu tout ce qu'on sait faire bien quoi. On a pensé que peut-être les poisons, tout ça. N'est assez doué pour faire des poisons, et de la poudre. Pis on peut même faire des potions pour soigner, et tout.

Une nouvelle pose s'en suivit. Le Iop semblait visiblement faire un effort formidable pour garder la parole aussi longtemps. Son esprit semblait se vider au rythme où sa langue débitait les mots qui lui venaient. Il se remit à dodeliner, plus insistant, comme si le tangage ainsi infligé à son cerveau pouvait le faire redémarrer.

- On veut rentrer dans la Milice. N'en a vu d'autres, des guildes, nous en a même proposé, meuh c'tait pas pareil. C'était pas ça. Meuh on connaissait Jeth, et Jeth nous a parlé de la Milice Écarlate. On pense que c'est ça qu'on veut. Toute façon on doit s'améliorer. Pis pour s'améliorer on n'a b'soin d'argent. Pis on a besoin de gens qui ont besoin de nous. Nos poudres elles servent à rien si personne en veut. Si on peut aider aussi en se battant, b'alors on apprendra à se battre mieux...

Un grognement bovin acheva son monologue. D'un geste mécanique, le Iop plongea une main dans sa sacoche pour en sortir un petit sachet. Il l'ouvrit devant lui, ramassa les quelques feuilles qu'il contenait et les fourra dans sa bouche. Son pauvre cerveau avait besoin d'un peu de nourriture "spirituelle" après un tel étalage de mots agencés du plus parfaitement qu'il l'avait pu. Après quelques mouvements de mâchoire seulement il tâcha de reposer les yeux sur la jeune femme qui lui faisait face, s'arrêtant un instant à nouveau sur le ventre parfaitement rond qu'elle offrait.

Zaynna venait de reposer le premier parchemin quand elle remarqua Azariel, parlant avec un inconnu. Et... pas très loin... Chymes... Son coeur se mis à battre très rapidement. Etait-ce la vue de ce magnifique chaton ? Ou bien la pensée d'une flêche qui puisse se retrouver à tout moment entre ses yeux ? Elle ne savais pas, mais voilà bien deux raisons de se faire discrête.

Elle observa le discours du disciple iop. A première vue, il était bien étrange. De qui donc parlait il ? "nous" ? "on" ? Et bien encore une bizarerie qui enthousiasmerait l'osamodette. Il n'y avait aucun doute, elle adorerait. Zay' griffona sur un morceau de papier ces quelques mots :

"Azariel ! Ne laisses pas partir ce iop, il sera un bon milicien, je le sais. Stazya."

N'écrire que le necessaire, pour que la duperie ne soit pas perçue. Elle avait envie d'y ajouter quelques baisers, de le complimenter sur son poil si fin et soigné... Mais elle n'en fit rien.

Pendant que tout le monde avait les yeux rivés sur le iop, elle en profita pour raccrocher les parchemins et s'éclipser de la taverne. Une fois dehors, elle attacha le petit parchemin à un tofu et l'envoya rejoindre Azariel. Zaynna repris la route en direction de la maison des ryzomiens.