[Pris à l'essai] Le retour ?

Vanhallen quitta tôt le matin sa petite tanière, perdue sur les landes de Sidimote. Il avait une nouvelle résolution en tête. Après plusieurs mois, il avait beaucoup changé. Il avait mis beaucoup de temps, mais maintenant... tout était comme il le souhaitait. Il ne manquait qu'une chose. Grimpant sur Farän, sa fidèle Dragodinde, il partit comme l'éclair vers Amakna, sans prendre la peine d'utiliser le Zaap, qui gâchait les sensations du déplacement. Le jour se levait à peine. Lâchant un léger soupir, il continua sa coure folle, le regard absent, les pupilles dilatées par la nuit torride qu'il avait passé, en compagnie d'une ravissante Sacrieuse.

Une, deux, peut être trois heures après, Van s'arrêta devant une taverne qu'il connaissait bien. Un demi sourire vint étirer ses lèvres, et sa langue passa furtivement sur ses lèvres, les humectant légèrement. Il attacha Faran à un piquet de bois, se souciant peu de savoir si quelqu'un allait la voler ou non. Faran était du genre acerbe et farouche. Il aimait bien mordre les gens méchamment, par pure envie. Même Van n'y échappait pas.

Poussant la porte, il se dirigea droit vers une table en retrait, et sortit de sa sacoche un parchemin légèrement froissé, et un flacon d'encre rouge. Esquissant un sourire, il commença à écrire, laissant les mots venir comme s'ils n'étaient pas de lui.

"Je me présente. Ou me représente, selon les cas. Vanhallen. Sacrieur brutal de cercle 77. Je suis Alchimiste, Boulanger, Paysan.

Les plus anciens d'entre vous me reconnaîtront. Mais... j'ai beaucoup changé. Alors pour me faire connaître de ceux qui ne me connaissent pas, et me faire reconnaître de ceux que j'ai quitté voilà plusieurs mois, sans avertir qui que ce soit, leur laissant probablement un goût amer dans la bouche... Je vais relater ici même ce que je suis, en omettant volontairement ce que j'étais.

Je ne porte que très peu d'intérêt à ma vie. Nous sommes tous là de façon purement transitoire. Moi de même, par conséquent. La fréquentation d'un Dieu mauvais, égoïste, et surtout stupide m'a valu une longévité plus élevée que la normale. 130 ans, ce n'est pas rien, je suppose. Enfin, vu l'intérêt que ça a...

Je ne suis pas du genre sympathique avec tout le monde. Voire avec personne. Le seul être d'Amakna qui possède ma sympathie est Faran, ma Dragodinde. Et sûrement quelques Miliciens. Ce que je veux dire, c'est que je ne vis que pour la violence, l'adrénaline, le désir et le plaisir. Ces sensations brutales, flamboyantes qui nous élèvent à des hauteurs monumentales, nous font quitter la bassesse des terres foulées par de fichus insectes, qui se prennent pour des dieux, des rois, des empereurs, et j'en passe. Je hais cette façon de fonctionner plus que tout. Alors je m'en remets à ces sensations violentes. Elles sont jouissives. Evidemment... mes gènes font que j'aime la douleur, mais... tout le monde doit l'apprécier à des degrés différents. N'est-ce pas dans les pires souffrances que l'on se sent plus vivant que jamais ? A méditer...

Pourquoi je veux entrer dans la Milice ? Car c'est grâce à elle, dans un passé qui pour moi relève de l'éternité, que j'ai pu devenir ce que je suis. Jamais ma force n'a progressé une vitesse aussi élevée que lorsque j'étais parmi les Miliciens que je considérais comme des frères, des soeurs. Ma famille en somme. Je n'ai pas de famille. Je les ai moi même rayés de la surface du monde, car ils pourrissaient ma moelle et mon coeur, trop faible à l'époque. Maintenant... je souhaite réintégrer cette milice que j'aime tant. Non seulement pour retrouver mes compagnons d'arme, mais aussi pour montrer à tous à quel point j'ai changé, et que ma motivation d'avant n'est en rien pareille à celle que j'ai maintenant.

Et dernière chose... ne me considérez pas comme un être humain normal. Je suis avant tout un fauve en mal de sensations fortes, qui ne recule devant rien pour empêcher le flux d'adrénaline coulant dans mes veines de se tarir.

Maintenant, à vous de voir si oui ou non je peux réintégrer vos rangs.

Sauvagement, Vanhallen"

Vanhallen se dirigea vers le panneau d'affichage des missives, et accrocha la sienne dans un coin, avant de jeter un regard circulaire dans la taverne. Elle n'avait vraiment pas changé... Il esquissa un sourire amusé, et ressortit, attendant la suite des évènements. Saisissant les rênes de Faran, il l'enfourcha, et se dirigea vers le temple Sacrieur, ayant hâte de démolir le Dopeul représentant sa race.
"Les dés sont lancés..."

[Voilà, j'ai donc repostulé, à vous de voir maintenant.]

[Malagaràl'édit : Ajout des balises HRP. Il ne faut pas oublier!]

"Hun hun hun... celui là il sait se faire recruter..."

Lethis souriait.
Pas de ces sourires francs et sincères qui respirent la joie, non.
Plutôt de ces sourires carnassiers qui ne laissent aucun doute sur la santé mentale bien entamée de celui qui le fait.
Les récents évènements ne lui avaient pas permis de sourire beaucoup: il en avait presque oublié comment faire. La simple lecture de la lettre d'un être qui avait le même mode de pensée qui lui avait suffit à le mettre dans un état second. Ca ne serait que temporaire, il le savait, mais voulait profiter de cet instant de joie fugace...
Il chercha fébrilement de quoi écrire, mais se rendit compte qu'il n'avait plus d'encre.
Non! Pas maintenant! S'il allait en chercher, il ne serait plus dans le même état d'esprit quand il reviendrait... Impensable!
Il sortit sa dague de bandit qu'il réservait habituellement a l'épluchage de victimes non consentantes et s'entailla la paume de la main. La douleur vive le fit sourire encore plus, et entreprit d'écrire avec la pointe de sa lame, comme possédé.

"Bien à toi, Vanhallen ou quelque soit ton nom.
Tu me paraît être quelqu'un d'intéressant et c'est tant mieux: les gens ordinaires sont tellement peu divertissants.
Il semble que nous ayions un fonctionnement similaire toi et moi... Je suis curieux de voir ce que ça donne concrètement.
Néanmoins je préfère t'avertir tout de suite: je suis moi-même de nature antipathique et violente.
Peut-être nous entendrons nous, ou pas du tout.

Signé: Lethis."

Une fois ceci écrit et l'excitation passée, la douleur de sa main meurtrie le ramena à la réalité, plus triste que jamais.
Il ferma le poing et s'éloigna du parchemin sanglant en grimaçant, comme dégouté.
Il avait encore succombé.

[c'est un "POUR" oui ^^']

"N'yeux piquent!"

Le réveil était difficile en cette matinée pour Sanpitie. Elle n'avait pas mal dormi mais ses turpitudes l'assaillaient dès qu'elle reprenait un tant soit peu conscience. C'était dur, c'était...pas agréable mais surtout c'était nouveau. Son cœur battait avec arythmie, son corps était ni usé, ni rompu sous l'effort mais étrangement engourdi.

A peine au bas de l'escalier, elle appela à ce qu'on lui serve un Ka-phé serré très sucré. La boisson chaude serrée dans ses mains, elle posa le regard au panneau des candidatures malgré le manque de motivation de ses yeux.

"Beuh..."

Un retour de Vanhallen. Et bien... Elle lut le parchemin dans son intégralité avant de s'exprimer.

"humpff!"

Elle apposa un POUR fatiguant mais mérité au bas du parchemin.

[bon, désolée pour le pathos, c'est souvent ça quand j'ai pas écrit depuis longtemps <_> j'en profite pour faire avancer la situation d'Appah ou du moins faire un point sur son état actuel, guère reluisant. J'espère que vous m'en voudrez pas trop >>]


Appah avait jadis eu un teint presque mat, le cuir tanné par le soleil et les intempéries d'une vie de vagabond, mi-brigand mi-bête sauvage, éclairci seulement par les empreintes livides de multiples combats. Alors qu'il pénétrait dans la pénombre fraiche de la taverne -le feu était mort, achevé par le printemps naissant- sa silhouette éthérée avait l'allure d'un pâle fantôme. Les cicatrices se confondaient avec sa peau tant elle avait perdu ses couleurs. Le Sacrieur se glissa à la dérobée jusqu'au panneau des candidatures. Il ne serait jamais aussi laiteux que son albinos de frère, mais en l'absence de ce point de repère, on ne pouvait imaginer carnation plus maladive.
Il semblait faire des efforts pour passer inaperçu, mais ses gestes étaient emprunts de maladresse et d'hésitation. Créature décharnée, insignifiante, il ne restait rien dans son apparence du tueur d'autrefois. Il donnait l'impression que si l'on ne le surveillait pas, il s'évaporerait le temps d'un battement de cils, sans rien laisser derrière lui.

C'est d'une main tremblante d'épuisement, vibrante de manque refoulé, que le jeune homme saisit le parchemin inconnu qui reposait sur le panneau d'affichage.
Il n'avait rien mangé, ou si peu, depuis une semaine. Les yeux plissés papillonnèrent. Défaut de concentration. Ses pensées s'éparpillaient, l'esprit éclaté comme une grosse araignée qu'on a écrasée sauvagement. Tâche sur le mur, des bouts par ci, des bouts par là.
Les lignes tressautaient, les mots dansaient la gigue. Pourtant, après plusieurs lectures, le sens finit par faire son chemin à travers les méandres torturés de son mental.
Il frissonna.
Cette description sans faux semblants, tranchante comme une lame... Prenez moi comme je suis ou rejetez moi, voilà ce qu'elle disait.
La fièvre, ou peut être cette pure et simple faiblesse qui ne le quittait plus, fit flageoler ses jambes, et il se laissa tomber sur un tabouret. Les yeux au bleu acier dérivèrent, quittant le papier pour la grande cheminée et le foyer éteint. Plus de flammes brûlantes, plus de fougue, plus de feu. Rien que les cendres et la mort.

"Qu'est ce que je suis devenu?" La question flotta dans les brumes de son cerveau obscurci par le manque. Elle demeura en périphérie, l'essentiel de l'attention requis par un martèlement incessant. Ses neurones réclamaient leur dose d'abrutissement, d'extase et de rêve, à grand renfort de douleur et d'obsession.
La question faillit donc disparaitre, emportée à la dérive par le besoin d'Amaris. Mais alors qu'elle allait se dissoudre, quelque chose s'extirpa des profondeurs et engloutit ce qui passait.
Appah n'en prit conscience que lorsque les pensées dérangeantes refirent surface, un instant plus tard.
Elle était là. Murmurant à son oreille.

Le Sacrieur se figea, les mains crispées sur la candidature. Il aurait pâli, s'il avait été possible qu'il se dépigmente davantage. Il resta ainsi plus d'une minute, tendu comme un arc Crâ, comme une bête de proie juste avant l'envol.
Mâchoire serrée, yeux exorbités, le visage immobile comme un masque mortuaire.

Finalement, il se détendit, pour s'affaler sur son siège, et on eut dit que son squelette n'avait pas plus de structure que celui de Taäh. Il jeta un regard furtif autour de lui, de peur que quelqu'un ait saisi sa transfiguration. Il ne savait pas de quoi il avait l'air lorsqu'elle lui parlait, il ne voulait pas savoir. Il refusait de lire la folie sur son propre visage.

Une toux grasse, plus basse que les bronches, retentit dans la salle. Les poumons. Cette saloperie avait atteint les poumons. C'était une ces toux sales qui font grimacer lorsqu'on les entend, ces toux où résonne comme un écho de sang.
Des mouchetures écarlates souillèrent l'écriture de même couleur, sa main partie trop tard pour retenir le flot.
Ça faisait mal, mal à l'intérieur, et il se jeta vers cette douleur comme vers une délivrance. La souffrance l'emporta, plaisir amer, au goût de mort. Puis elle reflua, et le laissa échoué, seul à nouveau.
Il griffonna, sans trop savoir ce qu'il marquait. Il avait de plus en plus de mal à savoir où il était, ce qu'il faisait. Les époques se mêlaient, bouillie infâme de souvenirs et d'émotions.

Il remit le parchemin en place, sans prendre la peine de se relire, et tourna les talons. Brâkmar était loin, Shus avait du travail, il ne voulait voir personne. Il prit la direction de l'étang.

A la suite des messages, un addenda brouillon, presque illisible, demeurait la seule trace du passage du Sacrieur. Il n'avait pas signé, mais pour beaucoup de Miliciens, les éclaboussures sombres suffiraient à identifier l'auteur du message. Le sang séché avait une odeur malsaine, une odeur de poison. Chymes saurait.

"Tu es ce que j'aurai rêvé d'être. Bienvenue, ou bon retour parmi les tiens... Moi je m'en vais. Je ne veux pas te rencontrer, je crois que je te haïrais...
Je m'en vais, pas parce que je le veux... Je ne suis pas comme toi. Je ne sais pas qui je suis. Je ne sais pas en quoi je crois.
Ils ont besoin de gens comme nous, non, pas comme nous, comme toi, des gens sans scrupules et sans doutes. Ca n'ira pas mieux avec des bons sentiments. Il faut le mettre au service des autres. J'espère que tu donnes plus que tu ne prends. Il faut voir plus loin que soi. Tu as l'air fort au dedans. Je te donne ma voix. Sers la Milice et ses membres mieux que je n'ai pu le faire..."

"Parce que je vais mourir."

Accroupi devant l'eau limpide, nu, Appah contemplait son reflet. On aurait dit une grenouille grotesque, les membres malingres, les côtes saillantes, les yeux dévorant le visage.

Il se cramponnait à un reste de contrôle, mais les paroles ne s'effaçaient pas, l'accablant encore et encore.

Faiblesse. Honte. Traitre à son sang et à son nom. Elle le haïssait désormais. Elle l'abandonnerait, et il serait seul. Absolument seul. Face au néant.

"Tu comptes encore partir la voir aujourd'hui?"

L'anneau avait dit ça sur un air d'énervement. Il commençait à en avoir marre de tout ce que faisait Kid en ce moment. Ca n'avait pas de sens. A quoi cela lui servirait d'aller voir cette jeune demoiselle? Elle lui avait clairement expliquer que pour le moment ce n'était pas possible, qu'il devait encore attendre un bon bout de temps. Mais lui ne perdait pas espoir. Il était près à donner tout son possible pour cela. Pour retrouver sa voix.

Non pas que Tik, l'anneau objijevan qu'il portait maintenant, le gênait, mais juste qu'il aurait aimé retrouver sa propre voix, pouvoir dire les choses comme il le pensait. Il sentait qu'il n'en était plus très loin, que chaque jour qui passait le rapprochait de plus en plus de son objectif. Lui-même avait oublié le son de sa propre voix, depuis le temps. Et il en avait marre, tout ce qu'il voulait, c'était parler. Et aussi, retrouver son bras droit, mais ça, c'était autre chose.

Assis devant un verre d'eau, il remarqua alors qu'un nouveau parchemin avait fait son apparition. Il y en avait de plus en plus, ces jours-ci. La Milice avait connu des jours sombres, mais il semblerait qu'elle revienne petit à petit du fond. Allez, c'était possible de revenir d'en bas. La Guilde pouvait le faire, Kid le savait. Et il resterait jusqu'au bout.

Il s'approcha du parchemin sus-cité et entreprit de le lire d'une traite. Chose qui fut faite. Ah, Vanhallen. Le Féca se souvenait de lui. De toute manière, il était là depuis suffisamment longtemps pour avoir connu une grande partie des anciens Miliciens. Pas tous, mais un bon nombre. Le parchemin, lui, était intéressant. Il avait l'air d'avoir pas mal changé. Oui, sans doute. Après quelques secondes, Kid retourna à sa table finir son verre d'eau.

Sur le parchemin, il y avait écrit: "POUR". L'écriture était plus soigné qu'avant. Il s'était sans doute entraîné à écrire de sa main gauche. Il faudrait bien qu'il s'habitue.